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Le bloc bourgeois par Bruno Amable

Créé par le 09 mar 2007 | Dans : Articles de fond, Projet politique

Aller sur le blog de Bruno Amable http://economistes.blogs.liberation.fr/chiffrage/2007/03/le_bloc_bourgeo.html

La question qui semble agiter commentateurs et analystes électoraux, je veux parler du phénomène «Bayrou le troisième homme», est intéressante pour tous ceux qui s’intéressent au(x) modèle(s) de capitalisme en Europe, et bien évidemment en France. Pour simplifier grandement les choses, disons qu’il y a deux modèles de capitalisme qui s’opposent en Europe. L’un, le modèle néolibéral, repose sur des marchés déréglementés, une faible protection légale de l’emploi, un rôle mineur des syndicats et des négociations collectives, des marchés financiers puissants et un secteur public très réduit. L’autre modèle est plus complexe car il n’est pas unique. Pour s’en tenir à quelques grands traits communs du(des) modèle(s) européen(s), on peut citer un marché du travail régulé où les salariés jouissent d’une certaine protection de l’emploi, où les négociations salariales se font dans un cadre prenant en compte le rôle des syndicats, un système financier moins centré sur les marchés financiers, des marchés de produits réglementés, un système éducatif principalement public ou encore un secteur de service public important.

A chacun de ces deux grands modèles correspondent des bases sociales et des stratégies politiques. Le modèle néolibéral n’a jamais réussi à reproduire sur le continent européen ses victoires dans le monde anglosaxon, principalement en raison d’une base sociale trop étroite. D’un autre côté, le modèle européen a subi des transformations d’inspiration néolibérale (dans le secteur financier, sur le marché du travail ou dans la protection sociale) à laquelle ont correspondu des stratégies politiques à droite mais aussi à gauche avec les courants d’inspiration «troisième voie» du social-libéralisme. Pour ce courant, qui se pare volontiers du qualificatif «moderne» en raison de ses références plus ou moins folkloriques à telle ou telle théorie de la modernisation, les clivages de la «vieille gauche» tels que capital/travail ou riches/pauvres, seraient dépassés. C’est pourquoi une stratégie politique de la «gauche moderne» devrait, selon eux, se situer par rapport aux clivages d’une société «post-traditionnelle» : inclus/exclus, hommes/femmes, jeunes/vieux…
C’est d’ailleurs un thème récurrent de la troisième voie que d’insister sur la non pertinence de la base sociale traditionnelle de la social-démocratie, les travailleurs de l’industrie et les salariés du secteur public. Cette base sociale traditionnelle serait en voie d’extinction, conséquence notamment de la mondialisation. 

Qu’en est-il du cas français ? Dans une analyse portant sur les données d’enquêtes post-électorales françaises entre 1978 et 2002, Elvire Guillaud et Stefano Palombarini mettent en évidence les fondements de la crise politique française, définie comme la rupture d’une alliance sociale de soutien à une politique et des institutions déterminées. Il s’agit de la rupture des alliances qui soutenaient respectivement les coalitions de gauche autour du parti socialiste et les coalitions de la droite républicaine.
L’espace politique de 1978 était organisé par deux blocs sociopolitiques stables. Le bloc de droite était structuré autour des salariés du secteur privé, des agriculteurs et des indépendants. Les demandes politiques exprimées par cette alliance sociale étaient fiscales – c’est-à-dire payer moins d’impôts – et en faveur des privatisations et de la déréglementation. Cette alliance a commencé à se fissurer au cours des années 1980, avec une demande des indépendants nettement plus néolibérale que celle des autres groupes sociaux de l’alliance, sauf peut-être en ce qui concerne la protection vis-à-vis de l’extérieur.
Le bloc de gauche était structuré autour des salariés du secteur public et des ouvriers. Les demandes étaient pour l’intervention publique dans l’économie et la réduction des inégalités. La fissure du bloc de gauche s’est particulièrement manifestée en 1995, qui constitue une année de transition ne serait-ce que par l’émergence d’une nouvelle dimension de clivage politique, concernant les modalités de l’intégration européenne. L’Europe est perçue comme une menace par la base ouvrière de la coalition de gauche, comme une opportunité par sa base bourgeoise.
L’Europe scinde également le bloc de droite, mais selon une logique inverse. Les groupes demandant plus de politique néolibérale (sauf peut-être en ce qui concerne l’ouverture des frontières) sont ceux qui sont les plus hostiles à l’intégration européenne.

La poursuite des processus de rupture interne à chacun des blocs a culminé dans la crise politique de 2002, illustrée par le résultat du premier tour. La droite républicaine et la gauche plurielle ont obtenu le soutien de catégories ayant des opinions «modérées» sur la conduite de la politique économique à tenir, et qui sont favorables à la poursuite de l’intégration européenne.
La base sociale de la droite républicaine est composée des classes moyennes et hautes du privé, des professions libérales et des agriculteurs. Les indépendants se sont en partie séparés d’elle.
La base sociale de la gauche apparaît très amoindrie, ne rassemblant plus que les classes moyennes et hautes du public. C’est d’ailleurs l’ensemble des catégories à faible revenu qui s’est éloigné des partis de gouvernement, de gauche comme de droite.

Les scénarios possibles sont alors faciles à imaginer : une recomposition des alliances, à droite comme à gauche. Ou l’émergence d’une nouvelle alliance sociale rassemblant les catégories moyennes et supérieures du public et du privé, favorables à la poursuite de l’intégration européenne et à la mise en œuvre de réformes économiques d’inspiration néolibérale, mais moins que ce que demandent les indépendants.

La recomposition de l’alliance de droite, qui est la stratégie poursuivie par Nicolas Sarkozy, bute sur la contradiction entre la demande de sécurité qu’expriment les salariés de cette alliance, et la demande de libéralisation qu’expriment les indépendants. La difficulté de concilier ces demandes antagonistes oblige le candidat de l’UMP à jongler entre l’image d’un Sarkozy l’ami du peuple qui cite Jaurès et celle du candidat favori du patronat, et à partir à la recherche de slogans improbables du style « fracture relax » ou « brisure pépère ».

La recomposition du bloc de gauche, c’est-à-dire la stratégie de… Laurent Fabius, se heurte à la question européenne, qui est en fait plus profondément celle du modèle de capitalisme. L’intégration est perçue comme une opportunité à saisir par les catégories hautes et moyennes, comme une marche forcée vers le modèle néo-libéral par les catégories les plus défavorisées. Il n’est pas évident que Ségolène Royal ait trouvé la solution de ce problème, si jamais elle la cherche.

La troisième solution, celle de François Bayrou, repose sur l’émergence d’un «bloc bourgeois» (pour reprendre l’expression de Stefano Palombarini) pro-européen et «modérément» néolibéral. Cette option semble moins soumise aux contradictions qui affectent les deux autres stratégies. Le dosage adéquat de libéralisme et de préoccupation sociale devrait pouvoir être trouvé grâce au renfort que la partie droitière du PS ne manquerait pas d’apporter à un Bayrou éventuellement vainqueur de la présidentielle. Le bloc bourgeois exclurait sur sa gauche les classes populaires et leurs attentes de protection (sociale, de l’emploi…), classes pour qui aucune offre politique digne de ce nom n’existe en raison du manque de sens stratégique des acteurs politiques opposés au néo-libéralisme. Il exclurait sur sa droite les indépendants et généralement tous ceux qui voudraient une transformation néolibérale radicale du type «révolution conservatrice».
Mais ce bloc bourgeois n’existe pour l’instant que sur le papier même s’il a une réalité tangible dans certains milieux professionnels. De plus, la stratégie politique correspondante devrait reposer sur une recomposition de l’offre politique qui ne sera pas effective pour les élections législatives.

• Bruno Amable •

La politique agricole doit montrer l’exemple de la rupture avec le néo-libéralisme

Créé par le 05 mar 2007 | Dans : Agriculture, Articles de fond, Battre campagne, Ségolène Royal

Une vraie politique agricole et alimentaire

En mars 2005, au Salon de l’agriculture, s’adressant aux agriculteurs qui voulaient voter non au référendum européen, le président de la République avait voulu les dissuader en utilisant l’expression « Vous allez vous tirer une balle dans le pied » ! Il faut croire que Jacques Chirac a bien peu d’autorité, puisque, le 29 mai 2005, 7 agriculteurs sur 10 ont voté NON à la ratification du traité constitutionnel approuvé par tous les gouvernements des pays membres de l’Union européenne. Ce vote est à mettre en relation avec les 7 à 8 milliards d’euros d’aides directes européennes perçues annuellement par les agriculteurs français, ce qui représente près de 80% de leur revenu net agricole moyen ! Un revenu qui avait diminué chaque année depuis 1999 (- 30% en sept ans), en dépit de la forte baisse de leur nombre (moins de 600 000 actifs non salariés en 2005, plus du double en 1985).

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Chronologie de l’affaire AIRBUS

Créé par le 04 mar 2007 | Dans : Articles de fond, Contre le candidat du capitalisme mondialisé, Economie, Non classé

La succes story européenne connaît des couacs depuis maintenant deux ans avec les retards progressifs annoncés dans la livraison de l’A380 et de ses conséquences financières. Le nombre de suppressions d’emplois annoncé est de 10000 en Europe dont 4300 en France.

De nombreux facteurs expliquent cette dérive. On peut citer les guerres de clans franco-allemandes à partir de la création d’EADS en 2000 puisque chaque tête d’EADS est bicéphale avec un coprésident allemand et français puis, à chaque échelon de l’organigramme, une organisation en cross reporting (chaque responsable français est coiffé par un responsable allemand et réciproquement). Ce groupe regroupe plusieurs entités comme Eurocopter, la branche défense ou spatiale, et Airbus dont il détient 80 % du capital. La constitution de ce groupe avait impliqué en 1999, la fusion d’Aerospatiale-Matra avec DaimlerChrysler Aerospace Casa.

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Le contrat unique, un tsunami social en gestation ….

Créé par le 03 mar 2007 | Dans : Articles de fond, Battre campagne, Contre le candidat du capitalisme mondialisé, Economie, Ségolène Royal

Attention aux lendemains qui déchantent pour les salariés au cas où le malheur nous tomberait dessus pour 5 ans. Le contrat unique, pierre angulaire du programme sarkozien en matière de lutte contre le chômage, constitue un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de la précarisation des forces vives de la nation. Pour en finir avec la diversité des contrats existants sur le marché du travail, le sabreur de Neuilly prévoit d’instaurer un CDI de type bien particulier, le contrat unique : il y aurait liberté totale de licenciement et aucun recours judiciaire possible contre le licenciement en échange du versement d’une indemnité de rupture au salarié, égale à 10 % de la rémunération brute perçue durant les 18 premiers mois, puis majorée ensuite en fonction de l’ancienneté. Par ailleurs, l’employeur devrait verser au service public de l’emploi une contribution égale à 1,6 % des salaires versés au salarié depuis son embauche. Ce mécanisme permettrait aux employeurs d’embaucher des salariés temporaires comme aujourd’hui mais sans fin de contrat prévue à l’avance dès l’embauche.

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« La gauche en débat » dans la lettre de l’AGAUREPS-Prométhée

Créé par le 27 fév 2007 | Dans : Articles de fond

 N° 37 – Mars 2007 

 L’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la Gauche Républicaine et Sociale – Prométhée) met en place une Lettre mensuelle destinée à diffuser l’information auprès d’un plus large public. 

 Sommaire du numéro 37 :

  -         Editorial de Francis DASPE « L’état de la Gauche en débat » page 2

 -         Cinq Tribunes libres : « La gauche en débat » Michel NAUDY, Raoul-Marc JENNAR, Xavier DUMOULIN, Francis DASPE page 3 

-         Les Brèves du mois de Janvier 2007 page 11 

-         Une fiche d’adhésion (facultative…) pour 2007 page 16 

Vous pouvez prendre connaissance de l’ensemble des travaux et réflexions en consultant la nouvelle adresse du site internet de l’AGAUREPS-Prométhée : http://www.agaureps.net/ 

contact@agaureps.net

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