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Créé par sr07 le 18 juin 2024 | Dans : a2-Blog-notes politique de XD, Articles de fond
Références : Xavier Dumoulin
Avant d’évoquer les travaux d’auteurs marxistes, et pour mieux les saisir, rappelons qu’en 1944, Karl Polanyi dans « La Grande Transformation » critique radicalement la vision d’une internationalisation des économies comme « un processus organique de croissance amorcé au niveau local et dont la division du travail [chère à Adam Smith] serait le vecteur essentiel ». C’est le commerce au long cours qui va donner le départ d’une institutionnalisation du marché et envahir la vie économique occidentale avant de s’étendre à la planète précise Jacques Adda commentant l’œuvre de Polanyi qui s’appuie sur les travaux d’anthropologues du début du siècle (Bronislaw Malinovski et Richard Thurnwald notamment). « Polanyi montre bien que jusqu’à la révolution industrielle, l’institution du marché, bien qu’elle-même fort ancienne, n’a joué qu’un rôle secondaire dans la vie économique des différentes civilisations. […] Le propre des sociétés précapitalistes, du point de vue de l’organisation économique, est en effet que l’économie n’y existe pas en tant que sphère autonome mais se trouve systématiquement encastrée dans les relations sociales. En d’autres termes, le système économique, dans ses dimensions de production et de répartition du produit, est géré non en fonction d’une rationalité individuelle fondée sur la quête du gain, mais selon des mobiles non économiques aux premiers rangs desquels figurent les relations de parenté et les représentations religieuses. » Et J.Adda, poursuivant son commentaire du livre de Polanyi, précise que l’institution du système concurrentiel est l’œuvre de l’Etat des monarchies centralisées d’Europe occidentale, Angleterre et France notamment et « le marché comme institution gouvernant l’ensemble de la vie économique et sociale trouve son fondement dans le commerce international. »
Créé par sr07 le 18 juin 2024 | Dans : a2-Blog-notes politique de XD, Articles de fond
Références : Xavier Dumoulin
La social-démocratie a longtemps incarné cette promesse d’une redistribution des richesses dans une démocratie où les forces du travail participent à la gestion économique et sociale du pays. Il est vrai que les spécificités françaises du mouvement ouvrier avec d’une part l’indépendance syndicale vis-à-vis du politique posée dans la charte d’Amiens en 1906, dans le prolongement de la tradition anarcho-syndicaliste et le développement de la CGT sur ces bases, la pratique guesdiste d’autre part refusant « le ministérialisme » prôné par un Jaurès socialiste républicain (la controverse nationale et internationale sur la participation du socialiste Millerand, au « gouvernement de défense républicaine »), ont freiné toute intégration de la classe ouvrière dans la nation jusqu’en 1914. Le retournement de Jules Guesde du fait de l’échec de la 2° internationale dans son combat pour « l’unité du prolétariat international » contre la guerre et l’entrée au gouvernement d’Union sacrée de ministres et collaborateurs de cabinet issus de la SFIO (Guesde, Albert Thomas, Marcel Sembat, Léon Blum), ou d’un socialisme indépendant (Viviani, Millerand, futur président du conseil en 1920 et président de la République en septembre de la même année, ayant déjà rallié la droite avant sa participation au gouvernement de Viviani d’août 1914 à octobre 1915), ont changé la donne. Mais l’expérience de l’Union sacrée reste paradoxale. Elle tend à modifier les relations du mouvement ouvrier et de l’Etat. Jaurès, tenant de « l’évolutionnisme révolutionnaire » avait déjà analysé et souligné les contradictions d’un Etat exprimant « les rapports de classes » et marqué par l’empreinte des conquêtes sociales et démocratiques (législations industrielles de l’époque, instruction publique, laïcité et libertés publiques héritées des réformes républicaines). Mais la CGTU campera longtemps dans une opposition aux lois sociales (retraites ouvrières notamment) suivant en cela la tradition anarcho-syndicaliste jusqu’à la réunification de la CGT en 1936. La SFIC devait par ailleurs sa naissance en décembre 1920 au congrès de Tours à la faillite de la 2e internationale et aux protestations du monde du travail attisées par la répression de ses grèves par un Clémenceau ou un Millerand, tour à tour président du Conseil depuis 1917. Avec cette condition d’adhésion à la 3e Internationale subordonnant l’action syndicale au parti d’avant-garde. Léon Blum se veut le gardien de la vieille maison SFIO sans renoncer à un processus susceptible de conduire la transition de l’exercice à la conquête du pouvoir (au sens que Léon Blum accordait respectivement à ces deux termes d’un mouvement graduel de réformes puis de basculement révolutionnaire dans une équivoque doctrinale opportuniste) dont la condition dynamique parait toujours celle du chemin vers l’hégémonie culturelle et politique d’un socialisme démocratique, donc aux racines républicaines, selon la perspective jaurésienne réaffirmée par Ernest Labrousse.
Créé par sr07 le 15 juin 2024 | Dans : Articles de fond, Battre campagne
Dans son infolettre du 14 juin, la rédaction de la revue Esprit fait part de sa stupéfaction depuis l’annonce de la dissolution (1). « Ce n’est pas tant le choix de la dissolution en elle-même, que la méthode et le calendrier retenus, qui nous semblent inacceptables. La décision d’Emmanuel Macron a pris de court tous ceux qui auraient dû, selon ce qu’exigent nos institutions, être consultés. Elle a mis devant le fait accompli la majorité, ses alliés, les parlementaires et leurs collaborateurs, mais aussi les administrations, les agences de l’État, toutes celles et ceux qui travaillent au rythme du temps politique, brusquement suspendu. Elle affaiblit la voix de la France et prend à revers nos partenaires européens et nos alliés, dans un contexte international extrêmement tendu et alors que la situation de l’Ukraine est critique. »
Constatant que si l’extrême-droite se renforce dans certains pays (Pays-Bas et Allemagne notamment), elle recule aussi chez nos voisins mais en France, « l’expression selon laquelle elle est « aux portes du pouvoir » s’est galvaudée [...] La situation française est donc particulière à deux titres : parce que l’extrême droite y a obtenu près de 40% des suffrages ; et parce que le chef de l’État, au motif de prendre acte de ce résultat, a pris le risque de lui confier les clés du pays ».
Evoquant des éléments de réponses alternatifs, la rédaction accuse le président Macron, « qui veut rester « maître des horloges » [et] impose une brutalisation du temps de la délibération démocratique : une campagne éclair, un second tour au début des grandes vacances d’été et, encore une fois, le risque du chaos brandi comme seul principe de légitimation ».
La rédaction invite à « jeter toutes nos forces dans la bataille pour que le pire n’advienne pas. Cela commence, sur un plan intellectuel et politique, par le refus de la rhétorique consistant à renvoyer dos-à-dos les « extrêmes », face auxquels s’imposerait le choix de la « modération « . Les dernières années ont apporté la preuve que ce discours est non seulement problématique sur le fond, mais manque systématiquement sa cible. Alimentant les colères et les exaspérations par l’arrogance dont il témoigne, il ne fait en définitive qu’accélérer la montée de l’extrême droite ».
S’agissant du RN, l’infolettre appelle à faire tomber les masques pour faire comprendre « l’idéologie, inégalitaire et racialiste, qui lui est spécifique » et connaitre « les mesures indignes qui figurent à son programme » ainsi que « les conséquences concrètes qu’aurait son arrivée au gouvernement en matière de politique sociale, de droit du travail, d’éducation ou de culture ».
Mais il faut surtout répondre « sur le plan du sentiment politique et pas seulement dans le registre de la compétence ou de l’efficacité, au puissant désir de protection qui s’exprime dans les sociétés contemporaines, que l’extrême droite partout entend détourner à son profit ».
Et la rédaction de conclure : « Que l’on songe au creusement des inégalités, au sentiment d’abandon et à la perte de repères, aux bouleversements technologiques ou au péril climatique, c’est de la gauche que doivent venir les propositions capables de faire durablement reculer l’attrait des politiques d’exclusion, de violence ou d’injustice. La responsabilité qui pèse sur ses dirigeants, mais aussi sur les intellectuels et l’ensemble des citoyens, est immense. Vous pouvez compter sur la rédaction d’Esprit pour y prendre sa part, aujourd’hui, dans la campagne qui s’ouvre, et au-delà. »
(1) L’infolettre d’Esprit du 14 juin précise : « La gravité des événements survenus dimanche soir nous conduit à rompre avec le format habituel de notre infolettre hebdomadaire. D’autres textes d’Esprit suivront dans les semaines à venir, au fur et à mesure des réunions de notre comité de rédaction. »
Créé par sr07 le 12 juin 2024 | Dans : Articles de fond
Scrutin après scrutin, portées par des crises multiples qui se répètent et par une manne financière et médiatique, les idées des extrêmes droites progressent partout dans le monde.
En Europe, en France, dans nos régions, dans nos communes et dans nos quartiers, elles vont jusqu’à fausser nos manières de penser. L’autre n’est pas, n’est plus, le début de la solution, il devient le problème. De sorte que nos forces politiques républicaines et démocratiques se retrouvent en position défensive, sans présenter un projet de société fondé sur l’égalité, la fraternité face aux défis qui se posent à l’ensemble des sociétés humaines.
L’approche historiquement portée par les extrêmes droites met au centre de toute politique la légitimité d’exclure certaines personnes de l’accès aux droits fondamentaux en fonction de certains critères « identitaires ». Sont concernées le plus souvent les personnes étrangères, jugées différentes, ne correspondant pas à une prétendue « culture nationale ».
Exclure certaines personnes d’un droit est présenté comme la condition pour que ce droit soit assuré au reste de la population qu’ils nomment « de souche ». Cette approche raciste ou xénophobe et discriminatoire est la négation absolue de l’universalité des droits telle que portée par le droit international.
Comme le démontrent ses votes au parlement européen et français, l’extrême droite rejette la redistribution comme outil premier pour répondre aux besoins sociaux, même au sein de la « communauté nationale » qu’elle dit pourtant vouloir protéger. De ce fait, elle conforte l’inégale répartition des richesses dans la société, allant ainsi, plus loin que la droite républicaine. Les discours sociaux de l’extrême droite ne sont que de fallacieux mensonges.
Ils ne trompent pas celles et ceux qui interrogent, et observent au fond, leurs programmes et leurs pratiques du pouvoir.
Les exemples dans l’histoire et au présent ne manquent pas pour illustrer les conséquences funestes pour les populations tombées sous le joug de ces régimes politiques fondés sur l’exclusion.
En France, l’annonce par le président de la République d’une dissolution de l’Assemblée Nationale ouvre l’éventualité d’une majorité d’extrême droite. Cette éventualité serait évidemment un désastre pour la République française et pour les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité que nous portons, qui n’ont jamais été aussi menacées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Hier, 7 700 000 électeurs ont apporté leur soutien à l’extrême droite, ils étaient 13 millions au second tour des présidentielles.
Le premier parti reste l’abstention ! Et ne cédons rien à ceux qui nous prédisent un premier ministre d’extrême droite. Ne nous laissons pas envahir par la stupeur ou le découragement.
Partant de ce que nous sommes, des militantes et des militants engagées pour les droits et les libertés, préoccupées principalement par le grand danger que représentent les idées et les thèses propagées par les extrêmes droites envers nos sociétés et les droits fondamentaux de tous les individus, la Fédération des Landes de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) – comme cela se réalise dans toute la France – appelle, en écho à la résolution adoptée lors de notre 92ème congrès national, à participer à l’émergence d’une nécessaire convergence.
La LDH appelle dès à présent l’ensemble des forces politiques progressistes à dialoguer, à mettre l’ensemble de leurs divergences de côté, à se mobiliser afin de proposer un front commun dans le champ électoral face à l’adversité.
Nous voulons une alternative politique démocratique, sociale et écologique. Les luttes sur les retraites, les questions écologiques, la défense des libertés publiques, le droit des femmes … nous montrent que cette alternative est attendue.
La Fédération des Landes appelle ses adhérents, sympathisants et tous les citoyens à réserver leur week-end des 15 et 16 juin, dans un premier temps, pour rejoindre les rassemblements qui seront organisés sur le département, pour la défaite de l’extrême droite et de ses idées dans les urnes.
Dax, 10 juin 2024
Pour la Fédération des Landes de la LDH,
le président, Roland Ramis
Créé par sr07 le 03 juin 2024 | Dans : a2-Blog-notes politique de XD, Articles de fond
Cette courte présentation entend éclairer la note d’Arnaud Montebourg présentée au Conseil d’Etat sous ce titre lors de son audition devant la Section des Études et du Rapport[1] présidée par sa présidente Martine de Boisdeffre, le 27 novembre 2023[2].
Qu’en est-il de notre capacité à réorienter vraiment la politique européenne[3] dans une Europe fabriquée selon une logique fédérale d’intégration sans pour autant en épouser la forme? Une Europe prête cependant à tronquer ce qu’il reste d’indépendance nationale[4] et donc de capacité à résister à l’hégémonie néo-libérale et à préserver les identités constitutionnelles[5].
« Le 9 juin, l’élection des eurodéputés opposera des partis qui s’accommodent de la primauté des règles communautaires sur les lois nationales. En France, cette suprématie a été confortée par des décisions de justice et par un consensus entre libéraux et socialistes ». Aurélien Bernier revient à son tour sur « Soixante-quinze ans d’intégration juridique » dans la dernière livraison du Monde Diplomatique[6]. La conjoncture électorale m’incite à vous inviter aussi à la lecture de cet article bien documenté sur la plan juridique, complété par mes soins dans cette présentation[7] de la note de Montebourg pour saisir les enjeux d’une reconquête de la souveraineté nationale en redonnant toute sa légitimité à la loi reléguée à présent sous la tutelle du droit européen originaire ou dérivé.