Débats autour de la refondation de la gauche
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Créé par sr07 le 14 jan 2018 | Dans : Articles de fond, Contre la guerre, Débats autour de la refondation de la gauche, Vive le blog citoyen
Créé par sr07 le 02 oct 2012 | Dans : Débats autour de la refondation de la gauche
Le Front de Gauche va-t-il tenir ses engagements et répondre aux espérances qu’il a suscitées ? Va-t-il se montrer capable d’inspirer et d’animer des luttes qui feront reculer l’emprise délétère du néolibéralisme sur l’emploi, les conditions de travail, l’éducation, la santé, l’égalité des sexes, l’environnement, la démocratie et la culture ? De susciter un rassemblement des forces populaires à l’échelle de l’Europe, de battre en brèche les projets de l’oligarchie financière et d’impulser des politiques audacieuses de transformation sociale et écologique ?
Ou bien finira-t-il par se laisser peu à peu marginaliser ?
Le Front de Gauche sera un acteur impuissant s’il ne sait pas rassembler cette force dans l’action. Mais on ne peut militer ensemble sans des règles communes, acceptées par tous, qui répartissent des droits et des devoirs. On ne peut donc y parvenir qu’en organisant le Front de Gauche à la base. Ce pourrait être – dans chaque localité ou entreprise où les militant/e/s en décideront ainsi – sous la forme d’une « association » clairement définie entre tous, ouverte à tous, assurant la pérennité et le fonctionnement pleinement démocratique, sous le contrôle de tous, des Assemblées citoyennes.
Des comités de liaison entre composantes du Front de Gauche sont assurément nécessaires. Mais la voix de sans-cartes (de parti ou organisation) doit aussi s’y faire entendre et compter aux divers niveaux : les associations Front de Gauche, représentées jusqu’au sommet, pourraient en être le support.
Le Front de Gauche n’est pas un parti. Il ne doit pas devenir une association. Il rassemble des organisations politiques qui n’ont nullement l’intention de fusionner. Il est une alliance au sommet. Il devra le rester, et même se renforcer et s’élargir encore, pour être capable de décisions, de ripostes, d’initiatives nationales et internationales. Mais leur efficacité sera fonction de l’existence d’un vrai pouvoir en bas : d’un vrai désir et d’une vraie capacité de pensée et d’initiative politique.
Le Front de Gauche s’est fondé en haut. Il doit maintenant s’enraciner en bas. Et cela sans affaiblir ses composantes, partis et autres organisations, qui sont des biens précieux pour tous. Ce ne peut être que sous forme associative à la base entre tous ceux et celles, membres ou non d’une organisation politique, qui sont prêts à s’engager dans les perspectives définies par le Front de Gauche, et qui en seront, de cette façon, officiellement reconnu/e/s comme membres à part entière.
L’esprit d’association entre égaux assure la confiance mutuelle et l’engagement militant dans le temps. Il est proche de tout ce qui invente et qui bouge, de tout ce qui se dresse et se révolte. C’est à travers cette culture d’association que l’on trouvera la synergie avec le militantisme de masse : celui des syndicats et autres associations.
Cette perspective est inédite. Elle bouleverse les frontières entre parti et association. Mais elle répond à l’exigence démocratique. Le Front de Gauche doit être capable de cette audace s’il veut devenir la force politique agissante du peuple de gauche.
Jacques Bidet, professeur émérite à l’Université de Paris-Ouest, Jean-Michel Drevon, militant syndical et associatif, Razmig Keucheyan, maître de conférences en sociologie à Paris 4.
Jacques Bidet, Jean-Michel Drevon, Ramzig Keucheyan
Créé par sr07 le 16 juil 2012 | Dans : Articles de fond, Débats autour de la refondation de la gauche
« Manière de voir » n°124 / Août-septembre 2012
Alors que « la gauche » revient aux affaires en France, rien de plus utile que de se pencher sur son bilan lorsqu’elle exerça le pouvoir, en France, en Europe, en Amérique Latine. Entre progrès incontestables et renoncements libéraux, fatalisme raisonnable et mobilisations sociales.
A gauche toute ?
Maurice Lemoine
Depuis la nuit des temps, un rêve immense traverse l’humanité : celui d’une société harmonieuse dans laquelle primeraient l’intérêt collectif, l’atténuation (voire la disparition) des inégalités, le « bien vivre » pour tous les citoyens, le respect des libertés fondamentales de l’individu. Des insurgés de la Commune de Paris à ces Américains qui voulaient plafonner les revenus, en passant par les « socialo-communistes » qui, en France, en 1981, prétendirent « changer la vie », ce rêve a pris différentes formes, en de multiples lieux.
Un nouvel internationalisme
François Mitterrand
Histoire d’un label politique
Laurent Bonelli
L’utopie réalisée de la Commune de Paris
Christophe Voilliot
La dignité de l’Afrique
Thomas Sankara
Plafonner les revenus, une idée américaine
Sam Pizzigati
Soirs d’euphorie, matin de désespoir au Chili
Pierre Kalfon
Alors que, avec la disparition de l’Union soviétique, sont entrées en crise les visions mystiques du socialisme, quels critères définissent celui-ci ? L’expérience montre qu’ils dépendent du contexte dans lequel on tente de l’instaurer. Les Portugais de la « révolution des oeillets » avaient peu à voir avec la social-démocratie scandinave, longtemps présentée comme un modèle pour avoir assuré, d’une manière pacifique, le bien-être et l’égalité des citoyens.
Différents encore sont, aujourd’hui, les pays d’Amérique latine qui, tels la Bolivie, l’Equateur ou le Venezuela, osent évoquer un « socialisme du XXIe siècle ». Remettant en cause la domination des pays du Nord, en particulier des Etats-Unis, prenant leurs distances vis-à-vis de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international, ils prônent un modèle d’intégration qui repose sur la coopération plutôt que sur la compétition. Cette tentative de transformation sociale répond aux aspirations de ceux qui ont porté ces gouvernements au pouvoir – même si la voie n’est pas exempte de difficultés.
L’Etat norvégien protecteur de la culture
André Schiffrin
Un modèle scandinave à cinq exceptions
Jean-Pierre Séréni
La « révolution des oeillets » et son cinéma
Eduardo Geada
Terres promises du Venezuela
M. L.
Quand l’Equateur se met au vert
Aurélien Bernier
En Bolivie, les quatre contradictions de la révolution
Alvaro García Linera
Que reste-t-il de l’expérience pionnière de Porto Alegre
Simon Langelier
Premières victoires pour la démocratie participative
Olga Victor
« La prise du pouvoir est un moyen, pas une fin », serait-on tenté de rappeler aux partis qui se réclament du « réformisme » et… réforment si peu. En effet, si les sociaux-démocrates se montrent moins brutaux que la droite dans leur gestion des affaires sociales, comment oublier le triangle des Bermudes dans lequel ils se sont trop souvent perdus ? Leur acceptation du cadre néolibéral, leur impuissance à élaborer des solutions crédibles et à les faire passer dans la réalité, leur refus de répondre aux attentes des peuples et d’engager le chantier de l’Europe sociale, ont produit des effets dévastateurs sur les fondements de la démocratie.
Peut-on se contenter de gouverner en oubliant de tenir compte des antagonismes de classe, alors même que flexibilité et précarité frappent durement les milieux populaires ? Volonté ou absence de volonté politique, rôle de l’idéologie, des marchés, des intellectuels et des médias, faible participation des femmes et des classes populaires, où se trouvent les verrous ? Et combien de temps encore, alors qu’enflent les colères sociales et que, paradoxalement, la crise fissure les dogmes libéraux, ce jeu politique peut-il durer ?
Entre contraintes et privilèges
Serge Halimi
Représentants du peuple ?
Alain Gresh
Labyrinthe social-démocrate
Anne-Cécile Robert
Usure du pouvoir en Espagne
Ignacio Ramonet
L’école britannique livrée au patronat
Richard Hatcher
Le gouvernement raconte son histoire
S. H.
Pierre Rosanvallon et le « déficit de compréhension »
L. B.
« Vive la crise ! »
Pierre Rimbert
« Syriza le Grec », seul contre tous
Costas Lapavitsas, Valia Kaimaki et M.L.
Ce numéro est accompagné de photographies réalisées par Lartefact. Cette structure, née d’un projet participatif sur le street art, présente la capitale française comme un musée à ciel ouvert (www.paris-streetart.com). Lartefact dévoile ici un concentré photographique sur la création urbaine entre Paris et Berlin. Timothée Baschet, responsable et coordinateur du projet, invite à cette occasion plusieurs photographes, dont MarOne, spécialiste des cultures urbaines, à poser un regard sur cette discipline artistique originale et haute en couleur.
Agnès Stienne
Du monde communiste à l’Internationale socialiste
Ruptures en Amérique latine
Ces réformes qui ont changé la vie
Olivier Pironet
Acquis sociaux
110 propositions pour la France
La vie est à nous
Le mur de l’argent
Vu de… droite ?
Lumumba le panafricain
Saisis par la finance
Privatisation de l’audiovisuel
Bibliographie
Sur la Toile
Créé par sr07 le 03 juil 2012 | Dans : Débats autour de la refondation de la gauche
Créé par sr07 le 03 juil 2012 | Dans : Débats autour de la refondation de la gauche
Le Monde.fr | 03.07.2012
Alain Bergounioux : La victoire du 6 mai doit être placée dans un cadre plus large que la France. Il y avait un adversaire, les faiblesses, les contradictions et les outrances de la politique de Nicolas Sarkozy et de la droite pendant dix ans. Mais cela ne se résume pas à l’antisarkozysme. Il y avait aussi une certaine cohérence dans les propositions de François Hollande : prendre en compte la gravité du moment, les déchirures de la société française et proposer un redressement à la fois économique et politique.
Jacques Généreux : La victoire du 6 mai est « normale » à l’image de ce que veut être le président Hollande, et « paradoxale », comme l’a dit Alain Bergounioux. « Normal » car à aucun moment dans les enquêtes d’opinions, le président sortant n’est apparu gagnant. On a eu une droite anormale par rapport à l’histoire française. On a eu une nouvelle droite, qui a rompu avec la droite gaulliste. C’est la droite du fric, du capital, de l’idéologie individualiste et idiote. Une droite qui ne s’est plus contentée de flirter avec les thèses de la droite extrême, mais en est devenue le porte-parole. Bref, une droite qui par définition s’est rendue détestable auprès d’une bonne partie de la population, y compris auprès de personnes qui n’avaient jamais voté à gauche. Dans ce contexte là, n’importe quel candidat de gauche passant le premier tour de la présidentielle ne pouvait que battre Sarkozy. Le phénomène de l’antisarkozysme dépasse la personne même du président sortant. C’est un moment politique où la montée de cette droite dure, réactionnaire, conservatrice, résolue à rompre avec tous les compromis politiques d’autrefois n’est finalement pas passée dans la société.
« Paradoxale », car, pourquoi cette droite, qui sait qu’elle a mené une action détestable auprès des opinions ne change-t-elle pas de politique ? La clé de ce paradoxe se trouve dans le paradoxe même de l’élection de François Hollande ou la victoire des conservateurs en Grèce. Car au moment où l’on s’aperçoit que les stratégies mises en place dans les pays en crise sont inefficaces, qu’elles réveillent le démon du nationalisme, ce ne sont pas des leaders qui incarnent une rupture avec ces stratégies qui sont en mesure de l’emporter lors des élections. C’est le paradoxe. Les électeurs, au lieu d’être dans la recherche réfléchie et consciente d’une alternative au système dans lequel ils sont et après une présidence hallucinante de brutalité et de violence, ont exprimé une aspiration au retour à une base de sécurité, avoir des gens normaux dans leurs comportements, qui ont des positions équilibrées, qui ne vont pas tout bouleverser.
Excepté la fin de la campagne, François Hollande n’a pas brouillé les pistes sur au moins une chose : pour lui, la possibilité de mener une politique radicalement différente de ce qui se fait en Europe ne viendrait qu’après avoir commencé à rétablir un certain équilibre des comptes. Il n’a pas caché qu’une des clés de sa politique était que l’effort de rigueur demandé aux Européens est une étape nécessaire pour aller vers d’autres politiques. Il ne s’inscrit pas dans une logique de rupture réelle avec la stratégie menée par les gouvernements européens.
Dans son rapport à la Grèce, à aucun moment il n’a manifesté son soutien aux forces de gauche qui refusaient le mémorandum (plan d’austérité) imbécile imposé aux Grecs. Il a rappelé qu’il faudrait aider les Grecs et favoriser la mise en place de plans de relance en Grèce à la condition que les Grecs respectent leur engagement. François Hollande ne s’est pas inscrit dans une logique du Front de gauche pour laquelle il n’y a pas à renégocier le fameux TSCG, qui impose la règle d’or, ni quoi que ce soit. Or, on voit le résultat sur le plan électoral : un peu moins de 12% à l’élection présidentielle avec Jean-Luc Mélenchon, au premier tour de la présidentielle, qui retombent à 6% aux législatives.
Il semble que pour que des politiques qui affichent une volonté de rupture plus radicale avec les stratégies de rigueur en Europe passent la rampe pour rentrer dans la tête des forces politiques qui seraient susceptibles de gouvernement, il faudrait que le pays soit dans une situation aussi catastrophique que celle de la Grèce. A Athènes, Siriza devient la 2e parti et manque de peu de former un gouvernement de gauche. Or, plus de la moitié des électeurs sont anti-Mémorandum. La France et d’autres pays européens sont des Etats encore tellement riches et attachés au lien social et à la solidarité hérités de notre passé qu’ils peuvent, malgré la brutalité des politiques de rigueur encore endurer des mesures insoutenables avant qu’il puisse y avoir un mouvement électoral fort en faveur d’une vraie politique de rupture.