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Créé par sr07 le 27 sept 2011 | Dans : Education
Mesdames et messieurs les candidats à l’élection présidentielle,
Les parents et les enseignants réclament que cesse la politique de destruction de l’école publique et laïque. Nous, parents d’élèves, enseignants et citoyens soucieux de l’avenir du système éducatif, voulons soustraire l’école aux seules considérations budgétaires et rappeler aux candidats à l’élection présidentielle que nous sommes très attentifs à leur projet pour le service public d’éducation.
Cette année, partout en France, nous avons fait entendre notre refus de la politique de suppression des postes et presque partout, nos collectifs ont essuyé une absence d’écoute et un refus de dialogue. Les citoyens sont traités comme des fauteurs de troubles, symptôme d’une crise profonde de notre système démocratique.
Nous refusons que nous soit confisquée la question de l’école. Pourquoi n’écoute-t-on pas ce que les citoyens ont à dire sur la question éducative ? Pourquoi ignore-t-on les enseignants qui, en grande majorité, vivent une forte dégradation de leurs conditions de travail et ne peuvent plus mener à bien leur mission ? Le gouvernement, qui déplore la médiocrité des performances de nos enfants, se livre dans le même temps à une suppression massive de postes.
Comment peut-il espérer faire croire qu’on peut faire toujours mieux avec toujours moins de moyens ? Une société qui malmène ainsi son éducation, qui ne la pense que comme un gouffre budgétaire, est une société qui se condamne : le coût social de ce désinvestissement de l’Etat à l’égard de ses enfants risque d’être fort élevé. On peut parier que l’échec scolaire ne fera que s’accentuer, que les problèmes comportementaux à l’école et en dehors de l’école seront multipliés, que les inégalités sociales ne feront que se creuser, excluant encore davantage les plus fragiles.
Ces perspectives sont contraires au projet républicain pour l’école. Nous dénonçons les dangers que fait courir à la société la politique actuelle. Nous n’acceptons pas que les enfants fassent les frais de choix budgétaires que nous contestons. Nous réclamons que soient au minimum restitués les moyens dont l’école a été dépouillée. Nous demandons solennellement à tous les candidats de faire de l’école publique un enjeu essentiel des élections de 2012, un digne objet de débat, et non un prétexte pour précariser encore plus les salariés en charge de cette mission d’éducation. Nous revendiquons la capacité des citoyens à peser sur l’avenir de l’école. Demander cela, c’est demander à ce que la démocratie soit, dans notre pays, réhabilitée.
Parmi les signataires : Collectif des Parents et Enseignants en colère (Doubs), Amis et Défenseurs de l’école publique (Haute-Savoie), Collectif Citoyen de sauvegarde des écoles de villages (Lot), Collectif Ecole publique en danger (Finistère). http://ecoleendanger25.tumblr.com
Note: Signée par douze collectifs dans Libération paru le 26 septembre, cette tribune a de nouveaux signataires depuis.
Créé par sr07 le 20 déc 2010 | Dans : Articles de fond, Education
Pourquoi la laïcité républicaine éprouve-t-elle aujourd’hui tant de difficultés à se faire respecter dans les différents espaces publics ? Pourquoi notre République semble-t-elle désormais contrainte à garantir ce respect en multipliant les lois d’interdiction ? Pourquoi ce même respect de la laïcité doit-il être défendu par des décisions de justice, comme dans l’affaire récente de la crèche de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) ? La question de la laïcité ressemble de plus en plus à une nouvelle version de la « guerre des deux France ». L’Etat républicain semble en effet entraîné malgré lui dans une logique d’affrontement avec une forme de guérilla fondamentaliste qui pratique la provocation, le harcèlement, la pression diffuse et multiforme, en testant sans relâche les défenses de la laïcité.
Ce n’est pas l’ensemble des musulmans de France qui est entré dans cette contestation ouverte de la laïcité, mais une minorité active d’entre eux pour laquelle cette laïcité n’est qu’une idéologie concurrente de la leur, et contre laquelle, à ce titre, il leur paraît légitime de faire valoir leur droit à la différence.
Or, c’est bien là que le bât blesse. Là que la responsabilité de la République doit être désignée. Comment se fait-il qu’elle laisse se développer autant sur son territoire cette conviction que la laïcité n’est qu’une idéologie parmi d’autres ? Comment donc ceux qui nous gouvernent n’ont-ils pas prévu que dans une société de plus en plus multiculturelle, où prévalent l’affirmation de soi et la revendication de sa différence, le principe laïque rencontrerait des contestations toujours plus importantes ? Il aurait fallu renforcer dans des proportions considérables le travail d’explication des fondements de cette laïcité, et expliquer aussi qu’elle seule permet justement à une société multiculturelle de ne pas se diviser en communautés séparées. Mais comment faire comprendre que la laïcité n’est pas une vieille lune idéologique française, mais un principe universel de cohésion sociale, qui permet à tous de vivre ensemble au lieu de demeurer dans une simple relation de coexistence ?
La réponse légale ne suffit pas. Il faut une pédagogie de la laïcité, parce qu’il faut former des consciences laïques. Il faut que la laïcité devienne une vertu citoyenne en plus d’un principe politique – une vertu pour que le principe ait des chances de se faire valoir autrement que par la loi. En quel sens, cependant, entendre cette vertu ou conscience laïque ?
Se souvenir de ce qu’on appelle aussi « être laïque » est l’occasion de rappeler qu’avant d’être un principe politique, la laïcité est une « position de conscience » : est laïque la conscience critique ou conscience libre, c’est-à-dire capable de prendre la distance du doute et de la remise en question vis-à-vis de toutes les convictions, vérités, visions du monde, qui la sollicitent. En ce sens, Socrate était laïque, parce qu’il disait « je ne sais qu’une seule chose, c’est que je ne sais rien ». Descartes était laïque, parce que avant de dire « je pense, donc je suis », il disait « je doute, donc je suis ». Averroès (philosophe musulman 1126-1198) était laïque, parce que, dans son Traité décisif, il disait que la loi religieuse devait être soumise à l’examen de la raison. Lao-tseu était laïque, parce que le tao commence par dire qu’une voie de sagesse n’est jamais la Voie par excellence. La laïcité politique ou neutralité de l’Etat est simplement l’objectivation de cette position critique de la conscience qui est valorisée dans toutes les cultures pour sa capacité à se « neutraliser » elle-même afin d’interroger librement les vérités qui circulent parmi les hommes.
Or la situation que nous avons évoquée au départ est née de ce que la République n’a pas investi assez de moyens dans la formation de telles consciences laïques, c’est-à-dire critiques et libres. C’est la raison profonde pour laquelle l’Etat en est réduit à imposer la laïcité par la force de la loi et du tribunal. Le principe de laïcité est resté trop extérieur pour un certain nombre de consciences : il est demeuré une exigence abstraite et étrangère à l’univers mental et éthique de l’individu. Par conséquent, c’est cette relation d’extériorité entre le principe laïque et les consciences que nous devons travailler maintenant à réduire. Il faut que la laïcité soit comprise et admise par les individus, au lieu de leur être seulement imposée d’en haut.
C’est la nouvelle période historique dans laquelle doit entrer notre laïcité française. La période où le principe politique ferait l’objet d’une véritable intériorisation par les citoyens. Nous devons passer de l’âge politique à l’âge éthique de la laïcité – ce qui doit s’entendre bien entendu dans une logique de complémentarité entre les deux ; il ne s’agit pas de substituer l’éthique au politique. Quel est, en effet, le privilège de cette conscience laïque ?
Elle seule peut adhérer pleinement et d’elle-même au principe politique de laïcité. Car le principe politique hors d’elle rencontre le principe éthique en elle. Une conscience laïque comprend par elle-même, grâce à ce qu’elle est elle-même, que ce principe politique est la condition nécessaire du vivre ensemble. Il y a pour elle correspondance et harmonie entre la pratique de soi – la capacité à relativiser ses propres convictions – et la pratique sociale – le vivre-ensemble fondé sur le dialogue, le compromis, la capacité de comprendre que pour être compris d’autrui on ne peut pas laisser simplement libre cours à l’expression de sa propre identité.
Si notre République ne fait pas cet effort de former des consciences laïques, elle s’expose à rencontrer encore et encore le même adversaire, auquel elle donnera sans arrêt de nouvelles forces : en l’occurrence ce fondamentalisme islamique qui précisément ne veut pas négocier ses propres convictions, et qui les revendiquera de façon toujours plus radicale dès lors qu’il ne trouvera en face de lui que la réponse répressive. Mais la loi du plus fort n’est la loi que tant qu’on reste le plus fort, disait Pascal…
Si en France un effort de pédagogie laïque n’est pas conduit à la hauteur qui est aujourd’hui nécessaire, que peut-il se passer ? La pente naturelle des sociétés multiculturelles est de voir se former des communautés distinctes qui s’éloignent les unes des autres, et des consciences qui n’ont bientôt plus d’autre souci que d’affirmer leur propre différence.
Dans une telle société, l’exigence politique de laïcité risque de se heurter de plus en plus à l’incompréhension et à l’hostilité. Des individus qui n’auraient comme conscience de soi que le « droit à la différence » ne comprendraient plus du tout la loi laïque qui impose des limites à l’expression de ce droit, la jugeant absolument contraire à leur liberté. Le divorce latent entre la société multiculturelle et l’Etat laïque serait alors consommé.
Voilà à quoi nous expose le retard que nous prenons à former des consciences laïques. Un face-à-face ou dialogue de sourds aggravé entre l’Etat et les consciences. Et si ces consciences non laïques se multiplient comme elles le font actuellement faute de pédagogie, combien de temps encore la loi et le principe de l’Etat laïque auront-ils la force de s’imposer ? Combien de consciences en nombre suffisant continueront de la défendre en comprenant sa légitimité ?
Abdennour Bidar, professeur de philosophie à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes).
Article paru dans l’édition du Monde du 21/12/10
Créé par sr07 le 30 nov 2010 | Dans : Economie, Education
« Montrer que la mondialisation peut faire sentir ses effets localement », tel était l’objectif de la réunion publique organisée par l’Agaureps-Prométhée, vendredi soir à Bazas. Le débat portait sur les soubresauts survenus à l’entreprise Fonmarty de Bazas.
Pour Francis Daspe qui introduisait la question, il s’agissait de « montrer les conséquences concrètes dans le quotidien d’une entreprise tout en expliquant les mécanismes de la mondialisation ». Le rachat de l’entreprise par un fonds d’investissement américain en 2005 a constitué un tournant radical qui a bouleversé le quotidien des salariés.
Philippe Petit, le délégué syndical CGT, en décrivait alors la dégradation des conditions de travail : « Horaires extensibles, pauses flexibles, intensification des cadences, recherche d’un profit maximal, pressions répétées s’accompagnant de vexations et de menaces, tout cela est devenu la norme d’une nouvelle gestion de management. Tout cela pour satisfaire un taux de profit à 15 % réclamé par les actionnaires. Un véritable climat de luttes des classes ! »
Une école à deux vitesses
Le second débat portait sur l’école. Patrice Kadionik traçait le tableau de l’état du système éducatif français : « Les réformes actuelles transforment l’école de
la République en grand corps malade, saigné à blanc par des suppressions de postes, livré à une marchandisation croissante. »
Les interventions de l’assistance témoignaient que l’école ne pouvait fonctionner comme une entreprise ni être considérée comme une marchandise. « Sans quoi c’est une école à deux vitesses qui s’imposera ! »
Francis Daspe concluait les échanges nourris en établissant un parallèle entre les deux questions mises en débat : « Dans ces deux cas, on voit les dégâts occasionnés par la toute-puissance du marché, détruisant les services publics, démantelant la protection sociale et ignorant l’intérêt général. »
Créé par sr07 le 01 sept 2010 | Dans : Articles de fond, Education, Front de gauche
Des réformes s’abattent sans discontinuer depuis plusieurs années sur l’école de la République. Leurs détracteurs les qualifient, non sans arguments, de contre-réformes.
L’éducation subit en effet une offensive sans précédent de l’idéologie libérale. Pour donner un aperçu de la palette du libéralisme en action, citons la généralisation des principes de concurrence et d’autonomie, la destruction des statuts des personnels, les économies tous azimuts – dont les suppressions de postes ne sont que la partie émergée de l’iceberg -, l’introduction d’une gestion managériale, de programmes ne donnant qu’une vision parcellaire et idéologiquement orientée de la réalité. Il en résulte une attaque violente à l’encontre des valeurs républicaines fondatrices de l’institution scolaire. Les cadres nationaux sont peu à peu démantelés, la laïcité malmenée, la mixité sociale attaquée, avec notamment la suppression de la carte scolaire. Plus encore, les tentatives de criminalisation de la contestation écornent sérieusement la liberté d’expression, tandis que la promotion d’un esprit critique conforme aux impératifs d’une citoyenneté éclairée est ébréchée par le dogme libéral.
Cette logique, dont les buts restent largement inavoués, s’inscrit dans l’instauration d’une école à deux vitesses. Deux raisons principales expliquent cette volonté.
La première s’évertue à créer les conditions d’une marchandisation de l’école. L’éducation constitue en effet un marché aux potentialités gigantesques : les dépenses consenties dans le monde par les États sont estimées à près de 1 400 milliards d’euros, dont les trois quarts sont le fait des pays développés. En amont de la scolarité obligatoire, il s’agit de la mise en place des jardins d’éveil privés, au détriment de la scolarisation des 2 ans, en chute libre ; et, en aval, de briser le système public des qualifications professionnelles afin de faire des diplômes un produit de consommation ordinaire. Au cœur de la scolarité obligatoire, cela se traduit par les demandes croissantes de participation financière des familles (faisant douter de la réalité du principe de gratuité), par l’intrusion publicitaire au sein des établissements et la notion d’« investissement éducatif ». Au-delà d’un strict minimum qu’il incombe à un service public d’éducation réduit à la portion congrue de transmettre, les libéraux considèrent que l’usager en retirera un bénéfice individuel : l’obtention de connaissances et de diplômes ouvre la voie à un niveau de rémunération plus élevé. Par conséquent, il reviendrait à la famille, et non à la collectivité, de payer ce qui constitue en définitive un investissement pour l’avenir. C’est ainsi qu’il faut comprendre la pente vers des savoirs minimalistes et utilitaristes symbolisés par le socle commun au collège favorisant la prolifération des entreprises privées de soutien scolaire bénéficiant de surcroît d’avantages fiscaux.
La seconde vise à s’affranchir de l’impératif de mixité sociale, chargé de tous les maux par ceux qui ne l’ont jamais vraiment accepté. Pour ce faire, la double stratégie de la pénurie et du dénigrement est convoquée : pénurie en termes de moyens humains ou financiers, pour ensuite mettre en exergue les insuffisances du public afin de solliciter au final le privé.
Cinquante ans après le serment de Vincennes appelant à l’abrogation de la loi Debré de 1959 (qui fait office de véritable concordat sans en porter le nom), l’urgence est de consacrer l’effort de la nation à la reconstruction d’une école de l’égalité, de la solidarité et de l’émancipation : les fonds publics doivent aller exclusivement à l’école publique. La suppression des postes de Rased (réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) dans le primaire illustre à la caricature le choix fait par ce gouvernement d’une école à deux vitesses. « Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple », proclamait Danton. Le Parti de gauche fait sienne cette maxime, plaçant au cœur de son projet de transformation sociale la question éducative.
Créé par sr07 le 12 mar 2010 | Dans : Education, Front de gauche
Idées – Tribune libre – Histoire – Article paru le 12 mars 2010 dans l’Huma
tribunes & idées
La sécurité passe par la lutte pour l’égalité
Par François Cocq, Secrétaire à l’Éducation du PG et candidat du Front de Gauche dans le Val-de-Marne,
et Francis Daspe, Secrétaire Général de l’Association pour la Gauche Républicaine et Sociale-Prométhée.
Quelles solutions contre la violence à l’école ?
Les médias se sont fait l’écho récemment d’un brusque accès de violence dans les lycées de la région Île-de-France. Confrontées à cette urgence en pleine campagne des régionales, la droite et la ministre candidate Valérie Pécresse ont tenté d’instrumentaliser les faits. Pourtant, les deux versants symétriques de leur politique, dilatoire et sécuritaire, ne répondent pas à la gravité de la situation. La responsabilité des gouvernements de droite dans la dégradation constatée est accablante.
La convocation pour le mois d’avril d’états généraux portant sur la sécurité dans les établissements scolaires ne vise qu’à gagner du temps, à éluder les questions de fond. Les restrictions budgétaires, dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, contribuent à la détérioration de la situation : les 50 000 suppressions de postes d’enseignants ces trois dernières années ne sont que la face émergée de l’iceberg. La stratégie des libéraux pour casser le service public d’éducation : organiser la pénurie pour convaincre de la nécessité d’une contre-réforme favorisant invariablement l’ouverture au secteur marchand. Tout en supprimant des postes d’enseignants, le duo Chatel-Pécresse diminue le nombre de places offertes au concours de recrutement pour le public mais double les postes à pourvoir au Capep (le Capes de l’enseignement privé) pour les épreuves 2010. Édifiant ! Le scrutin régional doit être l’occasion de rappeler, notamment à travers la question de la formation professionnelle et de la fin des subventions facultatives octroyées aux lycées privés, la validité du principe : fonds publics à école publique.
Le salut ne saurait venir de l’empilement des lois sécuritaires substituant policiers ou caméras aux personnels de surveillance : la présence de personnels formés, si elle ne résoudra pas tout, peut contribuer à remédier à quelques-uns des dysfonctionnements. Mais c’est aussi la perception même de l’école qu’il faut faire évoluer si l’on souhaite qu’elle se « résanctuarise de l’intérieur ». Elle doit redevenir un lieu de mixité sociale construisant l’égalité entre élèves. Au lieu de cela, la droite trace la voie à une école à deux vitesses : suppression de la carte scolaire, autonomie institutionnalisant la mise en concurrence des établissements. C’est à l’inverse le double objectif d’émancipation individuelle et collective que l’école doit se fixer. Construction du citoyen et qualifications professionnelles sont les deux faces d’une même libération de l’individu.
Le respect de la sécurité dans les établissements ne peut enfin se concevoir sans un minimum de sérénité garanti aux enseignants. Les attaques répétées contre leurs statuts s’inscrivent bien dans une volonté d’instaurer un mode de gestion managérial visant à faire plier la « forteresse enseignante ». Les tentatives d’abrogation ou de contournement des décrets de 1950 et la loi sur la mobilité des fonctionnaires déjà à l’œuvre dans l’académie de Créteil cherchent à supprimer des postes en réduisant les filières et en changeant les matières enseignées ! L’appel à des personnels précaires comme les vacataires, phénomène renforcé par la réforme dite de « mastérisation » de la formation des enseignants, accentue la tendance. Un enseignant précaire ou fragilisé devient facilement un enseignant en difficulté : les victimes en sont aussi les élèves. Difficile dans ces conditions de parler de sécurité ! D’autant que cette dérive sécuritaire s’accompagne d’un vent mauvais d’atteinte aux libertés, comme en témoigne la criminalisation croissante de l’action syndicale. Les stigmatisations exprimées par le duo Claude Allègre et Ségolène Royal avaient enclenché chez les enseignants un sentiment d’abandon. Il grandit. Comment pourrait-il en être autrement quand le droit de retrait (qui autorise le salarié à cesser le travail en cas de danger grave et imminent) est assimilé comme au lycée Chérioux à Thiais à un fait de grève, ou quand les enseignants sont, en cas d’incident, abandonnés par leurs autorités hiérarchiques ?
Les réponses gouvernementales ne se situent pas à la hauteur des enjeux. La grève d’aujourd’hui doit être l’occasion de contrecarrer ces dérives, comme le scrutin régional dans deux jours. Ou l’art de relier les messages de la rue et des urnes pour faire face à ces politiques toujours plus inégalitaires.