Indiens Guarani
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Créé par sr07 le 06 sept 2007 | Dans : a-le quartier libre de XD, Amérique Latine, Indiens Guarani
A quelques miles de la confluence des rios Iguazu et Parana, point de jonction des « tres fronteras » du Bresil, de l’Argentine et du Paraguay, à bord du Victoria austral et sur les rivages de ce dernier pays, nous avons vu et écouté les danses et chants millénaires rituels de la fertilité des jeunes indiens Guarani, autour d’un feu et sous la lueur de cieux étoilés d’un hiver sub-tropical.
Ces indiens, très attachés à leurs traditions, perpétuent rites, mythes et légendes de la région Guarani. Ils furent pourtant pendant plus d’un siècle et demi, à partir du début du 17° siècle, évangélisés par les jésuites. Les « misiones » s’étendirent pour compter trente « pueblos »- 7 au brésil, 8 au Paraguay et 15 en Argentine – représentant près de 90000 indigènes quand le roi d’Espagne Carlos III signa le décret d’expulsion des jésuites en 1767. Fondées pour favoriser la conversion des indiens, ces « reductionnes jesuisticas guaranies » – qu’il ne faut pas confondre avec les « estancias » de la région de Cordoba, alors capitale des provinces jésuites – étaient aussi des lieux d’autonomie et de protection des populations indigènes en proie à la cupidité et à la cruauté des autorités civiles et militaires. En visitant les ruines de San Ignacio Mini ( Argentine) et de Santa Trinitad ( Paraguay ), on comprend la logique de l’architecture des « reductionnes » qui promouvaient un nouveau mode de vie. Les jésuites eurent alors la grande intelligence d’intégrer dans leur entreprise spirituelle et matérielle les mythes et représentations Guarani de « la tierra sin mal », sorte de paradis terrestre, fondée sur une utopie communautaire et une promesse d’éternité pour les ascètes vertueux. Les écrits du père Bartomeu Melia et d’Hélène Clastres nous renseignent sur ces mythes et cette histoire. Rosito Escalada Salvo nous offre une antologie des mythes et légendes de la région Guarani.
Dans cette région visitée qui abrite les Mbya Guarani - dont l’orthographe est à vérifier -, l’une des trois branches de la grande communauté Tupi Guarani, nous pouvons rencontrer les indiens Guarani dans leurs villages. Il existerait aujourd’hui plusieurs dizaines de pueblos s’élevant à près de 9000 âmes. Nous en avons visité deux aux environs de Puerto d’Iguazu ( Argentine ). Chaque village d’une soixantaine de familles est placé sous l’autorité d’un chef, le cacique choisi par le chamane.Un couple Guarani a fréquemment une dizaine d’enfants, les jeunes filles mettant au monde dès l’âge de 11, 12 ans leur premier bébé. L’habitat Guarani est très rudimentaire. Les petites cabanes de planche et de tolle ont remplacé les primitives, faites de végétaux, liannes et torchis. Elles gardent les mêmes surfaces exigues et contiennent toujours le foyer intérieur sans cheminée. Les enfants vont souvent pieds-nus sur les sols argileux.
Nous présenterons demain quelques aspects de cette vie Guarani avant d’évoquer les problèmes actuels identifiés au cours de nos rencontres et échanges avec les populations autochtones. A suivre sur notre blog…
Xavier DUMOULIN depuis l’Argentine ce 6 septembre 2007.