a5-Les entretiens du blog citoyen

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Jean Pierre Chevènement en exclusivité pour le blog citoyen, socialiste et républicain en Juin 2008 : “Vivre c’est lutter!”

Créé par le 21 sept 2008 | Dans : a5-Les entretiens du blog citoyen, Battre campagne, Fédérations MRC d'Aquitaine, Le Che

ladlgationdaquitaineaucongrs.jpgladlgationaucongrsbis.jpgCrédits photographiques du blog citoyen, socialiste et républicain. La délégation de l’Aquitaine au Congrès autour de Jean Pierre Chevènement. Sur la première photo, de droite à gauche, on reconnait François Joly, Francis Daspe, Jean Marc Célério, Josette Robert,  Julien Bidan, Henri Dalbavie, Xavier Dumoulin autour de Jean Pierre Chevènement

 

X D : Vous mariez les critiques du capitalisme financier mondialisé avec l’exigence d’un retour en tous points à la République. Ce sont des idées qui progressent, qui sont fortes mais qui ne sont toujours pas comprises comme elles devraient l’être.  Ont-elles aujourd’hui suffisamment d’échos à gauche pour accompagner à présent le tournant que vous appelez de vos voeux dans ce congrès ?

Jean Pierre Chevènement : Nous faisons confiance à la force de ces idées républicaines. Elles ont fait beaucoup de chemin depuis une quinzaine d’années, depuis la création du Mouvement des Citoyens.

Si on prend, par exemple, la question de l’Europe, nous étions très isolés pour la poser au moment de la ratification du traité de Maastricht ! En fait, nous étions très isolés au parlement car, dans le pays, nous avions un puissant écho mais disons que l’évolution en France et en Europe est allée dans notre sens. En la matière, sous la première guerre du Golfe, nos idées n’ont pas toujours été bien comprises. Elles le sont beaucoup mieux aujourd’hui ! Chacun voit que l’intervention américaine dans l’affaire de l’Irak a créé au Moyen Orient un déséquilibre profond avec la montée de l’intégrisme radical et la position aujourd’hui dominante de l’iran.

Donc, nous croyons à la force de nos idées et nous pensons qu’à un certain moment, il n’est pas utile de vouloir régler des comptes qui seraient vieux de plus de vingt ans ! Je pense que les jeunes générations ont oublié les circonstances dans lesquelles nous nous sommes battus valeureusement et, par conséquent, il faut rebattre le jeu, redistribuer les cartes et nous faisons confiance en nos idées pour – dans un cadre plus vaste – progresser, s’affirmer, devenir majoritaire.

Donc, c’est un calcul stratégique qui fait fond sur l’analyse que nous faisons de la crise de la mondialisation, qui fait fond aussi sur les espaces qu’elle ouvre à une gauche digne de ce nom !

X D : Vous avez un optimisme chevillé au corps et personne n’a pu finalement abattre vos idées, celles que vous incarnez ! Vous employez souvent l’expression ” même mort, je reviens !”

Jean Pierre Chevènement : ” etiam mortuus redeo “

X D : Eh bien, vous êtes revenu ! Demain, les sénatoriales, aujourd’hui la direction du MRC, une place active dans la politique ! Donc, êtes-vous confiant dans les perspectives ou bien continuez-vous à donner de votre personne ? Y a-t-il beaucoup d’optimisme ou bien la mesure de la nécessité d’un engagement personnel parce que justement le combat est dur ? Ou bien y a-t-il les deux ingrédients dans cet engagement personnel ?

Jean Pierre Chevènement : Fils d’instituteur, j’ai appris très tôt à lire et je lisais même Victor Hugo dans le texte à l’âge de dix ans : “Vivre c’est lutter “!

A la fête du PCF dans les Landes, le porte-parole du MRC défend le parti de toute la gauche

Créé par le 12 juil 2008 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD, a3-Civisme, citoyenneté et militance, a5-Les entretiens du blog citoyen, Débats autour de la refondation de la gauche, Fédérations MRC d'Aquitaine

Retranscription de la prise de parole du Premier secrétaire fédéral du Mouvement républicain et citoyen des Landes - enregistrée lors de la table ronde réunissant syndicalistes et responsables politiques de la gauche à la fête des Pins de Tarnos le 6 juillet 2008.

Pour rebondir sur ce que disait Claude Cabanes, effectivement - puisque le thème c’est  » des luttes d’hier aux perspectives politiques d’aujourd’hui «  -, effectivement, la gauche a perdu la bataille des idées ! Et elle l’a perdu déjà – paradoxalement on a évoqué avec les syndicalistes la période de flux du mouvement ouvrier, le temps du programme commun (avec ) cette forte capacité de la gauche à proposer des solutions à ce moment là. ( Mais) au moment où la gauche est arrivée au pouvoir, il y avait Reagan et Thatcher et c’étaient les néo-cons, les néo-conservateurs américains qui gagnaient la bataille des idées ! Et c’est dire que la gauche est arrivée paradoxalement  à cette époque alors qu’elle avait été portée par une décennie de luttes pour un projet ambitieux – même si il y avait eu beaucoup de discussions autour de ce projet et sur le contenu du programme commun -. A cette époque là, donc, il y a eu une victoire électorale, victoire électorale qui n’a pas été transformée socialement et politiquement par la mise en place d’un programme qui pouvait  faire évoluer autrement notre pays.

Même s’ il y a eu une rupture franche au niveau économique  avec des nationalisations.  Mais très rapidement – et je crois qu’il faut le dire parce que si l’on veut aujourd’hui recomposer la gauche,  si l’on veut aujourd’hui refonder les choses, il faut le faire sur des bases claires ! – ce qui s’est passé, c’est que l’Europe a été un magnifique substitut – on n’osait pas employer le terme libéralisme - mais au lieu de poursuivre dans une voie qui certes était difficile, dans un environnement international qui n’était pas facile, la gauche a baissé les bras. Et ce volontarisme dont parle Claude Cabanes, il eut été possible pour peu que  nous ayons eu l’ambition de résister à cet environnement ! Et au fond, nous avons capitulé sur les idées !

 Et aujourd’hui, je dis cela pourquoi ? Parce que si l’on refait les choses - et je suis obligé de brosser le tableau très rapidement pour ne pas vous ennuyer et qu’ensemble on débatte – nous avons perdu d’autres batailles ! Encore que le peuple était là. Je pense au grand combat contre l’Europe de Maastricht  qu’on nous préparait – qui était celle évidemment de l’Europe financière d’aujourd’hui dont on connaît tous les ravages à présent ! Nous avons aussi eu sur le plan international cette affreuse guerre du Golfe -y compris la première – !

Le Mouvement républicain et citoyen par rapport a ce qu’a été sa politique, par rapport à ce qu’est sa volonté, est pleinement ouvert à la recomposition de la gauche sur des bases qui sont des bases radicalement différentes de cette gauche molle, gestionnaire, qui n’offre absolument aucun avenir, aucune perspective, qui a perdu complètement le lien avec le peuple ! Nous le disons mais nous le disons sans sectarisme. parce qu’aujourd’hui, une chose est certaine : de toute façon, il n’est pas possible d’avancer avec une attitude purement tribunitienne qui consisterait à cantonner une gauche dure, polarisée sur une fonction tribunitienne, et à laisser un large espace qui serait celui d’une gauche molle.  Ce serait un boulevard pour Nicolas Sarkozy si nous avions cette situation là, si nous avions au fond une gauche qui aurait renoncé à être elle-même, qui serait représentée par une attitude de centre-gauche gestionnaire avec quelques uns au bout qui épouseraient une fonction plus radicale ! 

Donc ce que nous voulons, c’est ce que nous avons dit au dernier congrès du Mouvement républicain et citoyen – c’est un congrès qui s’est tenu il y a quinze jours . Nous sommes pour une posture ouverte … celle qui veut construire le parti de toute la gauche ! Alors, je ne dis pas ici à Claude Cabanes, je ne dis pas ici aux communistes qui sont dans cette salle, je ne dis pas ici aux amis radicaux et socialistes : nous allons signer le mois prochain un accord qui va permettre de fonder ce parti. Ce que je dis ici c’est qu’aujourd’hui par rapport à la réalité, par rapport à la domination idéologique de la droite, par rapport au combat d’idées qui est à mener, par rapport au combat politique qui est à mener, il n’est pas question de se chamailler sur des histoires de chapelles, sur des querelles de boutiques, sur des affaires d’épicier !

Le parti socialiste – c’est son affaire – se bat sur un certain nombre de thèmes. Il y a des voix – et des voix intéressantes y compris à l’intérieur de ce parti – et qui disent des choses fortes ! Il y a un parti communiste qui a une capacité forte à résister ! Il y a une droiture, il y a une ligne, il y a une capacité à ne pas se laisser enfermer dans le capitalisme financier, dans ces processus atroces qui sont ceux que l’ont connait aujourd’hui ! Les licenciements boursiers ! Tout à l’heure, je disais en aparté, il y a ici une entreprise qui a osé, qui a osé proposer à ses salariés de signer une clause renonçant au droit de grève ! Renonçant à cet ordre public qu’est le droit du travail pour pouvoir prétendre à une prime ! Ce sont des choses, chers camarades, qu’il faut refuser frontalement ! Qu’il faut refuser avec les forces sociales, avec les forces syndicales et les organisations. Et au niveau politique il faut arrêter le double langage ! Hier, au congrès de Versailles, on a vu se dérober devant la parole donnée  du référendum, un certain nombre de gens qui auraient dû exiger!  Exiger ! On aurait pu le faire ! Et on avait l’appoint éventuellement de forces… Aujourd’hui, il faut retrouver sur l’Europe l’initiative ! Il faut retrouver l’offensive !

Nicolas Sarkozy nous fait croire qu’il a du volontarisme. Il dit que les taux élevés de la banque centrale ce n’est pas raisonnable… Mais qu’est-ce qu’il fait ? Depuis qu’il est arrivé au pouvoir les taux de la banque centrale augmentent ! Il n’a aucune capacité à imposer une autre Europe ! Ce qu’il faut voir, c’est que nous avons avec Nicolas Sarkozy, au fond, un néo-conservateur libéral ! Et il faudrait veiller – puisqu’on est dans la bataille des idées, je parlais des néo-cons toute à l’heure -, il vaudrait bien réfléchir à ce mariage du néo-conservatisme et du néolibéralisme ! Car ce sont aussi  les forces de l’obscurantisme qui reviennent ! Sur la laïcité par exemple ! On l’a vu, on voit Nicolas Sarkozy… Je pourrais sur ce plan là rappeler un certain nombre de choses !

C’est dire que la république, la république reste, mes chers camarades, quelque chose qu’il ne faut pas oublier ! Et je crois en ce mot de république ! Qui n’est pas la république ringarde ! Qui n’est surtout pas la république conservatrice mais qui est la république sociale ! Dans notre constitution, nous avons la république sociale, démocratique, une et indivisible ! Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que c’est une pente de résistance aussi ! Et ça veut dire que dans ce combat d’idées que nous menons, il faut articuler concrètement le combat pour la démocratie, le combat pour la république avec le souci, l’aspiration à une véritable alternative politique. Nous avons quatre crise majeures. Elles ne sont pas confinées dans l’hexagone ! C’est la crise de la famine, (pour) ceux qui meurent de faim, c’est la crise financière, bien évidemment, qui n’en n’est peut être qu’à ses débuts ! C’est la crise écologique – hein, la crise écologique qui est une crise majeure aujourd’hui … (avec la crise énergétique) !

Donc il faut relever tous ces défis ! Il faut les relever ensemble ! Et si aujourd’hui, nous étions encore à tirer les coûteaux, à faire quelques petits calculs électoraux, ça ne serait surtout pas à la hauteur de ce que nous attendons ! Donc je le dis très tranquillement parce que le Mouvement républicain et citoyen est un grand mouvement mais un petit parti ! Mais je le dis très décompléxé ! Nous n’avons pas d’apparatchiks.. (Claude Cabanes : Nous non plus !) Dans les Landes, nous n’avons quasiment pas d’élus. Mais nous sommes sur une posture d’ouverture pour travailler à l’unité de la gauche ! Et nous allons le dire !

Parce que dans la bataille des idées, chacun compte ! Chaque mouvement, chaque association, chaque syndicat ! Il faut mener ensemble cette bataille des idées ! Et je suis sûr que nous gagnerons cette bataille des idées et que nous irons vers ce processus d’unité de la gauche ! Ca passera peut être par une fédération. Mais ce jour arrivera parce qu’aujourd’hui, vous l’avez tous dit, ce n’est pas sur la base du congrès de Tours que peut s’envisager l’avenir ! C’est sur une base beaucoup plus offensive avec une perspective républicaine et d’un changement –  dans les politiques économiques – radical … Pas de tabous sur l’intervention publique ! Retrouver effectivement les capacités à proposer la planification, les nationalisations, tout ce que vous dites. Je m’inscris pleinement dans ce débat – hein – et j’ai à coeur de dire haut et fort comment il faut marier la république et une politique alternative à celle que l’on connaît aujourd’hui ! ( Applaudissements !)

X D

L’intervention de Claude Cabanes lors de la table ronde sur les perspectives politiques à la fête du PCF dans les Landes, le 6 juillet dernier

Créé par le 07 juil 2008 | Dans : a5-Les entretiens du blog citoyen, Débats autour de la refondation de la gauche

L'intervention de Claude Cabanes lors de la table ronde sur les perspectives politiques à la fête du PCF dans les Landes, le 6 juillet dernier dans a5-Les entretiens du blog citoyen photobio-claude-cabanes_232249_M » … Première chose. Quand on est communiste et qu’on parle, il peut y avoir des communistes qui ne partagent pas votre opinion. Donc je respecte les autres opinions des communistes et ce que je vais dire, évidemment, n’engage que moi…

Quand on écoute la radio et la télévision, on pourrait croire que le parti communiste français est mort puique on ne l’entend plus … Je veux dire que la parti communiste n’est pas mort. Pour moi, le parti communiste français, c’est comme une nappe phréatique. Il a subi, certes, beaucoup de défaites. Le communisme a été trahi ! Horriblement trahi  par certains dans le monde. Mais la nappe phréatique du communisme français, elle est toujours vivante…

Notre histoire, lorsqu’on a été acteur du Front populaire en 36, lorsqu’on a été acteur décicif de la résistance contre les nazis, lorsqu’on a pris part au gouvernement de la Libération, lorsqu’on a lutté contre les guerres coloniales, lorsqu’on a pris part à mai 68, on est une force politique encore vivante ! Je voulais le dire !

Deuxième chose… je pense qu’il faut garder le mot communiste (applaudissements). J’ai hésité longtemps, je me suis longtemps interrogé, mais ce n’est pas en effaçant les mots qu’on efface les choses. Et lorsque certains abandonnent les mots communiste et révolutionnaire, je pense qu’il est important pour nous de les conserver. Mais bien sûr, de les faire vivre avec les temps d’aujourd’hui et les temps de demain…

Je pense que la politique de Nicolas Sarkozy est minoritaire socialement mais qu’elle est majoritaire politiquement. Elle est minoritaire socialement parce qu’elle est détestable pour le sort du peuple français, détestable ! Par exemple nous passons tous à la station service. Nous sommes effarés du prix du sans plomb 98. Eh bien, il y a un an, le sans plomb coûtait un euro et il y avait 65% de taxes de cet euro qui rentraient dans les caisses de l’Etat. Aujourd’hui, il coûte un euro cinquante, il y a toujours 65% des taxes qui rentrent dans les caisses de l’Etat. Autrement dit, pendant que les pauvres travailleurs se posent la question  » mais comment je vais aller de mon domicile à mon travail, tous les jours avec ce prix de l’essence ? » hé bien, le robinet de l’argent coule à flot dans les caisses de l’Etat !

… Je crois que la force de Sarkozy aujourd’hui, c’est la faiblesse à gauche ! C’est la faiblesse de la gauche ! Et je crois que la gauche – je vais vite – elle a perdu la bataille électorale, elle a perdu la bataille politique parce qu’elle a perdu la bataille des valeurs ! Parce que Sarkozy a enfoncé la gauche sur la question du travail ! Sur la question du progrès ! Sur la question du mérite ! Même sur la question des classes !

… Pendant la campagne électorale, c’est presque le seul qui a parlé de la classe ouvrière ! c’est incroyable quand même ! La gauche, elle a reculé sur tous les fronts qui faisaient ses valeurs… Je tends à penser que je reste communiste parce que je crois que la société française est toujours organisée en classes sociales. Et qu’aujourd’hui ce n’est pas parce que le capital est aujourd’hui la classe dominante qui écrase tout, qui domine tout, qu’il n’y a pas d’autres classes. Il y a dans ce pays, sept millions de travailleurs qui travaillent dans des conditions difficiles, qui sont mal payés, qui vivent mal en dehors de leur travail ! Eh bien, c’est ça la classe ouvrière ! Ce qui a reculé, c’est la conscience de classe. Mais les classes sont toujours là ! Et même (…)  on voit que ces contradictions de classes, elles gagnent la société aujourd’hui… On a été battu sur les valeurs ! Quand on est battu sur les valeurs, on est battu politiquement et syndicalement. Donc il faut reconquérir les valeurs. Vous savez qu’il y avait un grand révolutionnaire italien qui s’appelait Gramsci. C’est lui qui a dit (que) lorsqu »on perd les batailles sur les idées, on perd les batailles politiques ! Et alors, moi, j’avoue que j’ai été ravi d’entendre l’autre jour, monsieur Fillon, le premier ministre, dire  » nous avons battu la gauche idéologiquement ! »

Jusqu’ici on nous disait  »Mais l’idéologie c’est mort. Tout ça ce sont des ringardises, des vieilles choses… » Le premier ministre dit « On les a battu idéologiquement ! » Eh oui, ils nous ont battu idéologiquement au delà même des personnes, des partis… Donc la bataille à gauche, c’est une bataille très profonde maintenant. Très, très profonde…

J’ai deux convictions profondes depuis que je m’occupe de politique, depuis que je suis communiste. La première, c’est que sans l’union, l’unité – quelque mot qu’on utilise – de la gauche, on ne peut rien faire de fondamental dans ce pays. Première chose. Ca c’est la conviction absolue ! Il y a un peuple de gauche dans ce pays et quand on n’utilise pas l’ensemble de ce peuple de gauche, on ne peut pas bouger les lignes, on ne peut pas conquérir le pouvoir, on ne peut pas changer la société ! Mais inversement, quand la gauche renonce à être elle-même – et pardonne-moi mais quand j’entends un éminent dirigeant du parti socialiste – Manuel Valls - dire  » Moi désormais, je préfère Clémenceau à Jaurès «  eh bien j’appelle ça une défaite en rase campagne ! une défaite en rase campagne ! (applaudissements)

Lorsque j’entends un éminent dirigeant du parti socialiste, par ailleurs pour lequel j’ai voté aux élections municipales à Paris – j’ai voté pour lui et pour les listes de gauche – dire qu’il veut marier le socialisme et le libéralisme, eh bien, je ne crois pas que l’on peut marier le socialisme et le libéralisme ! Je crois que si l’on veut avoir une perspective d’avenir, il faut avoir le courage d’affronter le libéralisme ! Eh je vais vous dire… je pense qu’à gauche, étant donné l’histoire  cruelle qu’on a vécu, en particulier nous les communistes… étant donné la catastrophe que ça a été à l’Est – à l’Est ils ont construit une société qui était complètement invivable, invivable, des Etats policiers, des Etats concentrationnaires… Eh bien tout ça nous a traumatisé… Mais je me pose maintenant des questions. par exemple : est-ce que pour une politique  de gauche vraiment … efficace pour reconstruire ce travail à gauche, est-ce qu’il ne faut pas se reposer la question des nationalisations, est-ce qu’il ne va pas y avoir des  moyens de production, des centres financiers  qu’il va falloir reprendre en main ? Pourquoi est-ce que l’on aurait peur du mot nationalisation ? Moi je n’en n’ai pas peur ! Certes les nationalisations, elles n’ont pas bien fonctionné en bas … mais je crois que l’on ne pourra pas faire une nouvelle politique de gauche si l’on ne reconquiert pas du terrain sur le marché et sur le capital. Voilà ! Et je pense  qu’il va falloir même de la planification, de la planification – j’ai presqu’envie de dire autoritaire ! Il va falloir  contraindre parfois à ne pas vider les usines pour les amener je ne sais où ! A ne pas accepter par exemple … Hier soit, il y avait un débat au casino d’ Hossegor – j’étais très fier car j’ai réussi à faire applaudir Karl marx au casino d’Hossegor ! – (rires) J’en suis très fier, ça je n’oublierai jamais ! Mais il y avait un débat sur mai 68 formidable  –  comme quoi, il y a un besoin quand même , très grand… Il y a eu un débat où on a évoqué la Chine, l’Inde, la mondialisation (avec une attitude résigné NDLR). Mais enfin, moi je crois qu’il n’y a aucun rapport entre ce que font les Chinois et le fait qu’un grand groupe de la grande distribution qui est côté au CAC 40, qui est un des plus grand bénéficiaire de l’économie française aujourd’hui , refuse à des caissières de supermarché des tickets de restaurant à 4,25 ou 5 euros. Ca n’a aucun rapport ni avec la Chine, ni avec la mondialisation ! Ca s’appelle simplement de l’expoitation ! Nous vivons dans une société où l’expoitation est toujours là de plus en plus présente…

Pour la gauche, on a un chantier formidable. Il y a deux congrès : le congrès du parti socialiste, le congrès du parti communiste. Je ne sais pas ce qu’il va en sortir. Je ne sais pas. Je m’inquiète un peu tout de même… Il faut qu’on devienne crédible… Il faut donc montrer les outils qui vont permettre de devenir crédible. C’est pour ça que je parlais de nationalisation. Il faut que l’Etat reprenne la main… En Grande Bretagne c’est l’Etat qui a renfloué une grande banque pour éviter la catastrophe ! Aux Etats-Unis, c’est l’Etat fédéral, d’autres Etats, qui prennent en mains toute une partie de l’économie pour la protéger ! Je ne vois pas pourquoi à gauche on aurait des pudeurs de jeune fille ! Franchement !

 … Donc il faut réfléchir, travailler !

L’Europe aussi elle va mal. On a vu que les Irlandais ont dit qu’elle allait mal ! Je suis toujours extrêmement choqué! Après que la peuple français a dit non, on lui a repassé le plat en douce à l’Assemblée nationale – pardonnez moi : repassé le plat en douce ! (bis) Je pense que sur l’Europe il ne va pas falloir se laisser faire ! Quand on pense que des commissaires européens, des hommes sans voix, sans visage, des sortes de spectres anonymes qui ne viennent jamais s’expliquer nulle part, ni à la TV… Et donc il y a un gros problème maintenant de la démocratie et de l’Europe !

Et quant à la gauche, il faut qu’elle ait du courage, qu’elle regarde les choses en face ! Actuellement on peut dire qu’elle est assez lamentable ! Elle est incapable de faire face à ce que dit Nicolas sarkozy ! Il faut vraiment qu’elle se reprenne. Mais peut être que pour ça il faut que le peuple s’en mêle ! (vifs applaudissements)

Propos recueillis et publiés par X D pour le blog citoyen, socialiste et républicain avec l’aimable autorisation de Claude Cabanes.

Claude Cabanes,  journaliste et écrivain  a été chef de la rubrique culture, puis rédacteur en chef adjoint de l’Humanité dimanche, puis rédacteur en chef de l’Humanité.

Entretien avec Josette Robert, secrétaire nationale du MRC

Créé par le 01 juil 2008 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD, a3-Civisme, citoyenneté et militance, a5-Les entretiens du blog citoyen, Débats autour de la refondation de la gauche, Fédérations MRC d'Aquitaine, Projet politique

X D : Le congrès se termine. Après avoir assuré la coordination de la région et un long travail militant tu es élue au secrétariat national. Quel sera ton rôle ?

Josette Robert : Le secrétariat national assure entre deux congrès le travail militant du parti, le conseil national conduisant la réflexion. C’est un travail nécessaire pour donner l’impulsion au sein du MRC. Je suis secrétaire nationale chargée du développement du parti, ce qui concerne le grand Sud Ouest avec Thierry Cotelle de Toulouse.

Jean Pierre Chevènement a souhaité développer un large secrétariat dans lequel figure les régions de façon à ce qu’il y ait une prise directe non pas seulement avec la région Ile de France, numériquement la plus nombreuse, mais avec l’ensemble des régions de France.

X D : Avec ce dispositif, on voit là que des signes ont été donnés d’un objectif de développement du rayonnement du MRC. Que penses-tu de la teneur de ce congrès et de sa motion finale ?

Josette Robert : Ce congrès et cette motion se situent à un moment de mise au point face aux crises que traversent la France et le monde. Après les élections présidentielles, c’est le moment de se saisir des difficultés de la gauche. Le MRC, partie prenante de la gauche ne peut se contenter des trois échecs successifs aux élections présidentielles, depuis le quinquennat au coeur de la vie politique française. Le MRC lance un appel à l’ensemble des partis de gauche mais au delà à l’ensemble des militants et citoyens concernés, pour un renouvellement et la création d’un grand parti de gauche dans les années à venir. Il a fixé un calendrier proposé aux partenaires de façon à ce que l’on puisse  créer un grand parti de gauche qui pourra en 2012 porter une véritable alternative à la politique de Nicolas Sarkozy.

Propos recueillis par Xavier Dumoulin pour le blog citoyen, socialiste et républicain

Composition du secrétariat national

1.                    Coordination : Jean-Luc Laurent

2.                    Diffusion des idées et formation – Ecole de Cadres :      Marie-Françoise Bechtel

3.                    Relations extérieures : Georges Sarre

4.                    Elus : Etienne Butzbach

5.                    Relations avec le Parlement : Christian Hutin

6.                    Portes parole : Pierre Dubreuil

7.                       ‘’      ‘’         Catherine Coutard

8.                    Syndicats – Mouvement associatif : Claude Nicolet

9.                    Finances : Yves le Hénaff

10.                Trésorerie : Christophe Bénavidès

11.                Relations internationales : Sami Naïr

12.                Droit des Femmes : Aimée Gourdol

13.                Université d’été, Projet et prises de position du parti : Patrick Quinqueton

14.                Citoyens Actualités : Dominique Vial

15.                Fédérations : Béatrice Desmartin

16.                Communication, Idées, rayonnement local : Julien de Verrières

17.                Elections : Guillaume Vuilletet

18.                Développement du parti (en liaison avec les secrétaires nationaux en régions): Renée Rémy

19.                Education : Michel Vignal

20.                Etudiants : Eléonore Perrier

21.                Jeunesse : Eric Martin

22.                Citoyenneté : Rachid Adda

23.                Santé et protection sociale : Ladislas Polski

24.                Environnement, énergie : Gérard Pierre

25.                Agriculture : Michel Sorin

Secrétaires nationaux au développement du parti dans les régions :

               Déjà titulaires :             Claude Nicolet, Nord

                                                   Michel Sorin, Grand Ouest

                                                   Ladislas Polski, Midi méditerranéen

                                                   Dominique Vial et Catherine Coutard, Rhône Alpes

               6 nouveaux :                 Maurice Schwartz, Grand Est

                                                   Thierry Cotelle et Josette Robert, Sud-Ouest

                                                   Jean-Marc Miguet, Auvergne

                                                   Denis Durand, Centre

                                                   Serge Lezement,  Normandie

Délégués Nationaux :

               Outre Mer : Pascal Basse

Nouvelles technologies : Jean-Christophe Frachet

               Transports : Jean-Luc Gary

               Culture : Sébastien Zonghero

               Décentralisation : Françoise Bouvier

               Proche et Moyen-Orient : Bertrand Dutheil de la Rochère

               Services publics : Jean-Claude Chailley

Aménagement du territoire : Thierry Lucas

D’autres délégués seront nommés sur proposition du Président par le Conseil National

 

Notre entretien avec Georges Sarre, ancien ministre et dirigeant du MRC, en exclusivité pour le blog citoyen, socialiste et républicain

Créé par le 27 juin 2008 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD, a3-Civisme, citoyenneté et militance, a5-Les entretiens du blog citoyen, Débats autour de la refondation de la gauche

georgessarre.bmpX D : Dans cette dernière période, vous avez eu un rôle clef dans l’animation de ce mouvement politique. Peut-on considérer aujourd’hui - au regard des idées sur lesquelles nous nous sommes battus ces dernières années, notamment depuis Maastricht et la première guerre du Golfe – que ces idées ont avancé et que le MRC est un vecteur de renouveau ?

Georges Sarre : Tout d’abord je dirais que l’évolution du PS, évolution vers plus de libéralisme, c’est en 1983 avec la question monétaire qui a été tranchée par François Mitterrand. C’était le serpent (monétaire)  et ( ou bien ) on poursuivait dedans – et donc on savait que l’économie française souffrirait – ou bien on sortait du serpent et c’était une politique autre qui aurait été pratiquée. Le premier tournant important est celui-ci. Il y aura bien sûr après, comme vous l’avez dit, Maastricht, le référendum en mai 2005, tout cela n’a fait évidemment que fatiguer la gauche. Car la gauche aujourd’hui est – je ne dirais pas en crise – mais traverse une période d’hésitations, de reculs, de tensions tout à fait exceptionnelle. Ce matin, un camarade disait à la tribune  » Au parti communiste, il n’y a plus de discipline, chacun fait à peu près ce qu’il veut ! « . J’ai l’impression qu’il n’y a pas qu’au parti communiste !

Donc ce qui est important, aujourd’hui, avec le congrès du MRC, c’est de travailler à une vraie refondation et à quelque chose qui sera mieux qu’un rebond. C »est à dire faire ce que les hommes ( du mouvement ouvrier tentent ) depuis toujours ( de réaliser ) – enfin plus exactement depuis l’industrialisation de la France, fin 18° et au 19°siècle quand les ouvriers sont arrivés dans les villes, les métropoles régionales… avec des salaires très bas, les enfants dans les usines… – ( avec ) la recherche de l’unité ! Il suffit de prendre les premiers socialistes - je parle avant la Commune – pour comprendre qu’ils étaient très éloignés les uns des autres. Mais malgré le massacre de la commune, grâce à tout ce qui va se produire sous la Troisième république, il y aura un changement profond. Et puis ce sera l’école publique, gratuite ! Ce sera , bien entendu, le droit du travail qui avancera – ce sera plus long – et puis ce sera un pays qui deviendra profondément républicain – c’est à dire un peuple  souverain qui ne s’en laisse pas conter !

Ce qui est important, c’est que la proposition de Jean Pierre Chevènement, à mon avis, va permettre d’enclencher quelque chose de nouveau. Je ne suis pas en train de vous dire dans six mois, ce sera un parti unique !  Evidemment que non ! Pour arriver au congrès d’Epinay,  il a fallu passer par 1965. Alors là, c’est peut être deux ans, c’est peut être trois ans, c’est peut être cinq ans !

Mais le mouvement est pris et c’est ça qui est le phénomène véritablement nouveau pour nous et pour les autres !

X D : Il y a une question que je me pose en tant que militant. Comment sortir de cette contradiction par le haut ? Puisque d’une certaine façon on peut avoir un positionnement qui est très clair sur les grands enjeux de la période - sur le capitalisme financier, sur sa critique, sur toutes les réponses de fond qu’appelle la période actuelle  pour répondre aux attentes du monde du travail - mais risquer un positionnement autonome, ce n’est plus ce que l’on veut. Donc on veut mettre notre logiciel républicain au service de toute la gauche mais comment réussir ce pari sans l’édulcorer, ce logiciel républicain ?  Parce que pour autant, aujourd’hui, j’entends des choses  intéressantes mais pas que des choses intéressantes ( autour de nous )…

Georges Sarre : Personne n’est parfait. Puis que nous sommes des hommes il y a de très belles et bonnes choses et puis des dérapages, des imperfections, des erreurs. Nous sommes des hommes !

Alors, je crois que  ce qui est tout à fait intéressant, c’est de partir de l’idée que nous allons créer la dynamique…  

On ne peut pas tous les jours dire  » regardez ce qui se passe, c’est terrible… » ( en faisant comme si ) en changeant, en remplaçant Sarkozy on aurait régler le problème ! Tant que nous n’aurons pas un parti de gauche uni et rassemblé ayant sa doctrine, ayant son projet, ayant son programme,  même en cas de victoire de la gauche ce ne serait qu’une désillusion supplémentaire !

Donc, ce qui est important aujourd’hui, c’est de comprendre cette idée de rassemblement. Et les hommes et les femmes de ce pays attendent cela. Ceux de gauche, et d’autres qui seraient séduits le moment venu en se disant  » je ne les voyais pas comme ça, je ne croyais pas qu’ils aimaient la France, qu’ils comprenaient ce qu’est la république, qu’ils voulaient relever la recherche, l’éducation nationale … Ca m’intéresse, je ne suis pourtant pas socialiste mais je vais voter pour eux ! « 

Ce que l’on doit rechercher c’est ce que j’ai appellé – et d’autres avant moi – le front de classes. Il faut le rassemblement des ouvriers, employés de ménage, conducteurs de poids lourds, enseignants… Tous, ils n’ont pas stricto sensu les mêmes intérêts mais ils ont un intérêt commun ! C’est ramener la république à son meilleur niveau. C’est faire en sorte que la France soit un pays qui compte à l’échelon international et que nous ne soyons pas en permanence sous cette coupe de la commission européenne.

X D : Ce front de classes ! Je n’espérais plus entendre ce vocabulaire qui renvoie aussi à des considérations sociologiques. Sur le plan strictement politique - et pour en conclure sur ce point - ce signe fort au moment du congrès, ce processus dynamique de refondation, ça passe par quoi ? Une fédération, un parti de toute la gauche ? Quelles formes politiques cela peut-il prendre ?

Georges Sarre : Je crois que vous apportez la réponse vous-mêmes. Ce qui serait un coup de baguette magique, c’est que après une réunion de la gauche, on se retrouve ensemble pour dire on fixe la date du congrès qui sera exceptionnel, extraordinaire, etc, puis après on élit une direction, en gros on est d’accord… Non, ça ne se passera pas comme cela. Ca peut prendre six mois comme ça peut prendre cinq ans. Nul ne peut le dire ! Personne ne le sait ! Ce qui est tout à fait évident, c’est que naturellement, il y aura sans doute des propositions pour que ce soit une confédération comme il y a eu la fédération de la gauche démocrate et socialiste dans les années soixante cinq. Je ne plaide pas pour ça mais c’est quelque chose qu’il faut avoir dans la tête. Si quelqu’un, deux ou trois partis faisaient ce genre de propositions, n’importe quel sage dira concrètement mais il faut débattre. Comment ça fonctionne ? Comment tous les adhérents et les sympatisans peuvent être concernés car il ne faut pas que ce soit une opération bureaucratique avec seulement les apparachiks – avec le MRC, on ne craint rien, il n’y a pas de permanents ! – il est tout à fait évident que ça passera par une étape de ce genre. Quand, comment? Point d’interrogation !

X D : Merci de cet optimisme…

Georges Sarre : Ce n’est pas de l’optimisme.  C’est ce qu’il faut réussir !

X D : On va le faire. Merci Monsieur le Premier Secrétaire

Propos du Premier secrétaire du MRC, Georges Sarre, à la veille de céder son poste à Jean Pierre Chevènement,  donnés en exclusivité au blog citoyen, socialiste et républicain,  et recueillis par Xavier Dumoulin.

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