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Qu’est-ce que le « hollandisme » ? Par Laurent Bouvet, professeur de science politique

Créé par le 09 déc 2012 | Dans : Gouvernement, Parti socialiste, Projet politique

LE MONDE |               08.12.2012 à 18h30•       

 

Il est trop tôt pour dire si la « méthode Hollande » portera ou non ses fruits, du moins au regard des intentions et du programme de candidat de François Hollande. Après six mois au pouvoir, qui peut dire avec certitude ce qu’est le hollandisme ?

Ce ne sont pourtant pas les jugements définitifs sur l’action du président de la République qui manquent. Dans la presse, mais encore chez ses partisans comme chez ses adversaires. Fruit d’une vertigineuse accélération du temps politique induite par le quinquennat – encore aggravée par la pratique sarkozienne – et par l’information en continu démultipliée sur Internet, cette intense activité de commentaire témoigne aussi de la perplexité devant l’action du chef de l’Etat.

Entre la révolution copernicienne annoncée pratiquement chaque jour par les plus enthousiastes et l’immobilisme radical-socialiste à la Henri Queuille (1884-1970) dénoncé tout aussi fréquemment par les moins convaincus, la palette est large et le jugement hâtif.

Emmanuel Todd avait formulé pendant la campagne une hypothèse provocatrice, celle d’un « hollandisme révolutionnaire ». Celle d’une méthode de gouvernement qui s’annonçait – dans la campagne elle-même (avec le discours fondateur du Bourget notamment) et en raison de la personnalité du candidat – comme un horizon politique et sociologique possible pour le premier leader social-démocrate à la française. Celui de devenir en cours de mandat un grand président de gauche qui, grâce à l’efficacité de son action davantage qu’à son sens du tragique dans l’Histoire, changerait enfin la société française en réorientant ses choix économiques, en pesant sur le destin européen et en garantissant davantage d’égalité entre ses concitoyens. Bref, en réconciliant une France qui a divorcé d’avec elle-même ces dernières années.

Au-delà de la formule, l’interrogation sur la méthode de gouvernement du président de la République reste posée : est-elle plus efficace parce que plus souple que d’autres, notamment celle de son prédécesseur ? Est-elle plus porteuse de transformations en profondeur parce que plus prudente ? Est-elle plus « révolutionnaire » parce que moins spectaculaire ?

Ce qui frappe en premier lieu dans la méthode de gouvernement du chef de l’Etat, c’est son sens de l’équilibre et sa permanente quête d’un compromis entre des positions adverses, sinon antagonistes. Toutes les interprétations sont possibles : sens tactique aigu, prudence excessive, indécision chronique…

Le dernier épisode en date, celui de Florange, en a donné un exemple paroxystique. Le président de la République a semblé donner raison à la fois à Arnaud Montebourg et à Jean-Marc Ayrault alors que les positions qu’ils ont exprimées apparaissent comme difficilement compatibles.

Le refus de se laisser imposer ses choix est sans doute ce qui caractérise le mieux M. Hollande. D’où une posture permanente, celle d’être l’unique point de rencontre des différentes forces, souvent contraires, qui s’exercent sur tel ou tel sujet. Le refus du conflit ouvert et de la dramatisation des enjeux masquant mal une appétence, voire une dilection toute particulière pour le jeu subtil des rapports de force.

Cette pratique du pouvoir, qui était déjà visible et sensible chez le premier secrétaire du Parti socialiste pendant dix ans, met en lumière un deuxième trait caractéristique du hollandisme : le refus de tout a priori idéologique, de toute position doctrinale figée.

Ce pragmatisme de l’action n’est pas un cynisme pour autant. L’ancrage du chef de l’Etat dans le réformisme, dans une perspective sociale-démocrate, à la manière des pays du Nord de l’Europe, est indéniable. Tout comme l’est son attachement, en héritier à la fois de François Mitterrand et de Jacques Delors, à la construction européenne. L’inflexion qu’il a donnée à celle-ci depuis son arrivée, tout en faisant ratifier le « traité budgétaire », se veut respectueuse de cette filiation même si c’est dans le contexte de la crise contemporaine.

La difficulté du président de la République avec une partie de la gauche vient de là. De ce réformisme social-démocrate qui est perçu comme une trahison par une partie de la gauche pour laquelle le geste idéologique reste essentiel. Toute temporisation sur la réalisation d’une mesure du programme, toute négociation engagée avant qu’une décision définitive soit prise, tout rapport commandé pour dessiner l’état des forces en présence est considéré par certains, à gauche, comme le signe non tant d’un esprit prudent mais d’une faiblesse doctrinale, d’un manquement à la cause.

Le hollandisme, et bien davantage encore le dépassement du clivage entre première et deuxième gauches, se propose d’entériner, dans la pratique du pouvoir, la fin de l’histoire d’une gauche française marquée par des renoncements aussi spectaculaires que ses promesses. En résumé, de ne promettre que ce que l’on peut raisonnablement tenir, et de gagner, autant que possible, tout ce que l’on peut obtenir.

Si le hollandisme est donc avant tout une pratique pragmatique du pouvoir, c’est aussi – troisième trait qui le caractérise – une sociologie particulière de l’exercice de l’Etat. L’arrivée de la gauche au pouvoir s’est en effet traduite par un retour des anciens élèves de l’ENA (et de manière symbolique, de certains des condisciples du président, ceux de la promotion Voltaire) et par l’accession aux responsabilités nationales de toute une génération d’élus locaux constituée au fil des victoires du PS ces dix dernières années. C’est sans doute dans cette inversion sociologique de l’élite dirigeante que le changement a été le plus spectaculaire.

M. Sarkozy avait fait bouger le centre de gravité de l’élite dirigeante vers le privé, n’hésitant pas à mettre en cause, parfois très durement, la fonction publique. La différence de profil et d’expérience des deux présidents joue un rôle crucial en la matière. Mais on peut aussi y voir une différence structurelle, accentuée ces dernières années, entre une droite dite « décomplexée » et plus agressive contre la fonction publique sinon le rôle de l’Etat lui-même, et une gauche de gouvernement dont le socle sociologique s’est resserré autour des agents publics et des collectivités locales.

Le hollandisme resitué dans une perspective historique plus longue – celle de la gauche française et de son rapport au pouvoir – pose, finalement, une question simple. Est-ce qu’un pragmatisme prudent, désidéologisé, permettra de réaliser le changement dont la gauche continue d’être porteuse, plutôt qu’une posture plus classique ou révolutionnaire, exaltant le « peuple de gauche », mais dont le volontarisme s’est très souvent heurté à une réalité contraire et contraignante qui en a limité effets et portée ?

Si nul n’a la réponse à une telle question aujourd’hui, elle se pose avec acuité à un moment historique crucial, pour la gauche et pour la France.


Professeur de science politique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Laurent Bouvet a publié un essai intitulé « Le Sens du peuple. La gauche, la démocratie, le populisme » (Gallimard, 304 p., 18,50 euros). Il est également l’auteur de « Plaidoyer pour une gauche populaire. La gauche face à ses électeurs » (Bord de l’eau, 2011). Il prendra la direction du Centre de recherches politiques de Sciences Po en janvier 2013.

Laurent Bouvet, professeur de science politique

Schiste: « la France est bénie des dieux »

Créé par le 10 nov 2012 | Dans : Economie, environnement, Parti socialiste

lefigaro.fr Publié le 10/11/2012

Dans un entretien, publié ce samedi sur le site internet du journal Le Monde, Michel Rocard affirme qu’en Europe, la France « serait au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole ». Interrogé sur le choix du gouvernement de ne pas retenir la proposition de Louis Gallois sur la relance des recherches dans le gaz de schiste, Michel Rocard assure que « la France est bénie des dieux ». « Peut-on s’en priver ? Je ne le crois pas ». « Sur ce sujet, étant très écolo, je me suis longtemps abstenu. Mais je n’ai rien lu qui soit complètement convaincant. On a un réflexe fantasmé un peu du même type que face aux OGM. Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s’interroge », affirme-t-il.

Egalement interrogé sur le pacte de compétitivité du gouvernement, ce dernier assure que l’effort fiscal de 20 milliards d’euros est « l’une des plus grosses frappes conjoncturelles des gouvernements de la République française qu’on ait vu faire depuis des décennies. C’est à la fois courageux et pertinent ». Sur la hausse de la TVA, Michel Rocard assure que « mieux vaut partager la charge entre les ménages pour contribuer à remettre notre système productif en route ».

Sur l’objectif de déficit à 3% du PIB l’an prochain, Michel Rocard est plus prudent: « il vaut mieux payer ce que l’on peut de ses dettes mais que la dépense publique est l’un des moteurs de l’activité. La freiner trop pousse à la récession. La brutalité des 3 % peut être dangereuse ». « Il y a de toute façon une bataille pour l’Europe dans les règles actuelles, 3 % compris. Puis il faudra mener et gagner une deuxième bataille de doctrine économique, sur ‘comment vivre avec de la dette sans entrer en récession’ », ajoute-t-il.

Et d’ajouter que « la relance européenne ne peut partir qu’avec les Allemands ».

Score à deux chiffres pour la gauche du PS

Créé par le 12 oct 2012 | Dans : a-le quartier libre de XD, Parti socialiste

Le PS a communiqué les résultats partiels des votes des sections sur les motions. Avec une première indication sur la faible mobilisation militante forte de sens : un militant sur deux ne s’est pas exprimé. Et une seconde sur le score d’Harlem Désir qui n’atteint pas ses objectfs et resterait en deça de 70%.

« L’événement, c’est qu’en additionnant les quatre motions » minoritaires, « c’est un tiers du parti qui n’adhère pas à la motion majoritaire », a relevé M. Guedj, soutien de la motion de gauche. La surprise vient en effet des scores à deux chiffres de la gauche socialiste qui ne bénéficie pourtant pas des votes d’un monde d’avance, rallié à la motion majoritaire, et de la motion de Stéphane Hessel. Des votes qui remettent en cause les savantes équations de répartition des postes au sein de la motion majoritaire!

Les deux premiers signataires des motions arrivées en tête – Harlem Désir et Emmanuel Maurel – peuvent donc se présenter jeudi 18 octobre comme candidats au poste de premier secrétaire du PS. La candidature d’Emmanuel Maurel est » plus que probable » selon les dires de ce dernier qui s’en remet à ses camarades avant d’officialiser sa posture. Sans suspens pour autant sur le résultat final qui doit confirmer l’ex-numéro deux qui a bien du mal à s’imposer à l’issue de ce scrutin de défiance …

X.D

Pour Emmanuel Maurel « Le vote du traité ne va pas éteindre le débat sur la rigueur et l’austérité »

Créé par le 06 oct 2012 | Dans : Parti socialiste

LE MONDE • Mis à jour le 05.10.2012 à 11h46

Par Propos recueillis par Bastien Bonnefous

Premier signataire de la motion « Maintenant la Gauche ! », Emmanuel Maurel représente l’aile gauche du PS au congrès de Toulouse du 26 au 28 octobre. Vice-président de la région Ile-de-France, il s’oppose à la ratification du traité européen par « refus de l’austérité » et dit vouloir jouer le rôle d’« alerte constructive » auprès de François Hollande.

Le traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance européenne (TSCG) va être voté à l’Assemblée, peut-être même avec une majorité absolue de voix de gauche. C’est un échec pour vous ?

Je suis résolument contre ce texte qui est le traité « Merkozy » non renégocié. Depuis quinze ans, le même débat, jamais tranché, traverse le PS sur l’Europe. A chaque nouveau traité, on nous dit que c’est une étape nécessaire pour construire une Europe sociale qui ne vient jamais. Le vote du TSCG ne va pas éteindre le débat sur la rigueur et l’austérité.

Comment mener ce débat ?

On le mène dans le parti à l’occasion du congrès. Quand on a commencé à parler de ces sujets en juin, nous étions très isolés. Aujourd’hui, des personnalités aussi diverses que Claude Bartolone, Harlem Désir ou Jean-Christophe Cambadélis commencent eux-mêmes à dire que l’objectif de réduction des déficits publics à 3 % n’est peut-être pas forcément tenable. Mais la vraie question est de savoir si c’est tout simplement souhaitable.

L’émergence de ce débat n’est-elle pas aussi opportuniste ?

Harlem Désir et les principaux dirigeants de sa motion ont compris que ce débat monte chez les militants. Il y a donc de leur part une tentative tactique de le circonscrire. Mais je pense aussi que nous avons réussi à convaincre du côté « pensée magique » des 3 %.

C’est quand même incroyable que, dans un parti laïque comme le PS, il n’y ait plus qu’une seule chose sacrée, les 3 %, dont on sait par ailleurs que c’est un machin inventé sur un bout de papier par des technocrates !

Le congrès de Toulouse se prépare-t-il dans de bonnes conditions ?

Il y a la tentation chez certains dirigeants du PS d’en faire un non-événement et d’expédier ce moment démocratique. Avant, au PS, on débattait de la ligne politique puis on choisissait un leader.

Ensuite, on a décidé de faire les deux en même temps. Là, on prend les choses à l’envers: on a commencé par installer un n° 1, puis un n° 2, un n° 3, et même un n° 4 ! Tout ça avant d’avoir le débat d’orientation.

Craignez-vous une démobilisation militante ?

La mobilisation, c’est vrai, n’est pas à son comble, mais il faut dire que rien n’a été organisé pour qu’elle le soit. Un seul exemple : les militants viennent à peine de recevoir les textes des motions alors qu’ils sont censés voter dans moins d’une semaine !

Le PS remplit-il actuellement son rôle ?

Le PS doit mobiliser davantage nos élus et nos militants. On aurait pu, par exemple, vanter davantage les mesures fortes du début du quinquennat, comme les emplois d’avenir. La conférence sociale s’est formidablement bien passée avec les syndicats. Le PS s’en est-il vraiment fait l’écho ? On ne doit pas être un parti atone, mais un parti d’action qui pèse dans la lutte sociale.

Ne reproduisons pas les erreurs du passé ! On ne doit pas s’interdire de produire des idées nouvelles par rapport aux 60 engagements de François Hollande.

Lesquelles ?

Qu’est-ce aujourd’hui qu’un Etat stratège ? Est-ce qu’on assume, par exemple, qu’un certain nombre de biens fondamentaux peuvent faire l’objet de nationalisations ? Pour moi, ce mot n’est pas tabou. Le PS doit aussi dialoguer avec le reste de la majorité et même, au-delà, avec le Front de gauche. Je propose qu’il organise des « Assises de la gauche » où chacun puisse débattre.

L’aile gauche du PS a éclaté à l’occasion du congrès, puisque Benoît Hamon a rejoint la motion majoritaire. Est-ce le fruit d’un désaccord stratégique ou d’une divergence de fond ?

C’est un désaccord stratégique. Benoît et ses proches sont d’accord avec nous sur le TSCG, sur la question de la rigueur, sur la politique salariale à mener, mais leur argument est d’opportunité : ils pensent que ces débats doivent s’ouvrir plus tard. Moi, je pense qu’à force de dire que c’est trop tôt, un jour, c’est trop tard !

Etes-vous déçu par le choix de M. Hamon ?

Sa position est particulière, il est ministre. Jean-Pierre Chevènement disait « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». A l’occasion du congrès, ce qui peut être vrai pour un ministre, ne doit pas l’être pour un militant. Un militant doit ouvrir sa gueule ! Je me voyais mal, comme Benoît, faire partie d’une grande motion consortium, avec des gens qui disent oui au TSCG et d’autres non mais qui se mettent tous d’accord sur un texte alambiqué. Nous, on a privilégié le débat de convictions dans la clarté.

Au congrès de Reims en 2008, la motion de l’aile gauche avait fait 18 %. Vous ferez sans doute moins à Toulouse. Ne craignez-vous pas de vous affaiblir ?

Je pense qu’on fera de nouveau un score à deux chiffres. Notre objectif était d’être une caisse de résonance sur un certain nombre de sujets: le pari est déjà réussi.

Propos recueillis par Bastien Bonnefous

Austérité, règle d’or : pourquoi le Traité européen actuel nous conduit dans le mur, par Marie-Noëlle Linemann

Créé par le 02 sept 2012 | Dans : Economie, Parti socialiste, Pour une autre Europe

A lire sur le blog de la sénatrice de Paris  http://www.mnlienemann.fr/

Avatar de Marie-Noëlle Lienemann

Par
Sénatrice PS de Paris, Ancien Ministre et ancienne vice-présidente du Parlement Européen

LE PLUS. 72% des Français veulent un référendum en vue de la ratification ou non du Traité européen sur la stabilité, la coopération et la gouvernance (TSCG). Ce texte, travaillé avec Angela Merkel, devra être voté par l’Assemblée nationale en septembre. C’est l’issue de ce scrutin qui décidera ou non de la ratification du traité. Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (PS) de Paris et ancienne ministre demande que ce traité soit renégocié.

La ratification du nouveau traité européen ne saurait se faire en catimini sans qu’ait lieu un débat public sérieux au préalable. Les annonces de la rentrée – baisse de la croissance, hausse importante du chômage, lourde dégradation de la situation économique et sociale dans de très nombreux pays – montrent l’urgence de stopper la logique austéritaire actuelle et de réorienter réellement la construction européenne.

François Hollande a eu raison de s’engager à renégocier le traité rédigé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, indiquant qu’il voulait le modifier et le compléter. Le sommet européen des 28 et 29 juin a certes retenu un « pacte de croissance » et la promesse d’une création de taxe ultérieure sur les transactions financières par 11 pays de l’Union, mais il a confirmé le maintien stricto-sensu du traité budgétaire. Tel n’est pas ce qui avait été annoncé à nos concitoyens.

Le « pacte de croissance » va dans le bon sens, mais il est trop modeste. Avec 120 milliards étalés sur 5 ans, dont en réalité 30 milliards réellement disponibles, il ne représente que 1% du PIB de l’Union Européenne. Très loin du plan de relance d’Obama aux USA par exemple (7% du PIB), il ne sera pas en mesure de contrer la logique anti-croissance du traité budgétaire.

On nous propose donc une alouette de croissance et un cheval d’austérité.

Pourquoi le Traité n’est pas acceptable en l’état

Le TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, ndlr)  installe une austérité durable, bride la croissance et prive les peuples des choix sur le cadre budgétaire et macro-économique. Il impose de fait la règle d’or et le durcissement du pacte de stabilité (le déficit structurel des Etats devant désormais être inférieur à 0,5% de leur PIB contre 3% auparavant), rendant impossible toute relance budgétaire contracyclique.

Mesurons bien qu’il ne s’agit pas seulement d’un accord temporaire, qu’on pourrait au demeurant contester, pour redresser la situation. C’est là le plus redoutable. Il s’agit d’un carcan permanent figé dans un traité, qu’il est extrêmement difficile de modifier une fois celui-ci ratifié. Il s’agit de poursuivre, en pire, le chemin qui a déjà conduit à la situation actuelle, à l’instant précis où il est urgent d’en changer.

Ce traité met en place un système de sanctions automatiques, organise une perte de l’autonomie budgétaire des Etats et fait peser de lourdes menaces sur nos régimes sociaux. La Commission Européenne pourra, avant ou pendant que les Parlements nationaux examinent leurs projets de lois de finances, demander les inflexions lui paraissant nécessaires pour limiter les déficits. Les gouvernements seront obligés d’instaurer sur la base des principes agréés par ladite commission un mécanisme de correction automatique en cas de dépassement. S’installe ainsi la généralisation progressive des programmes « d’assainissement » comparables aux mémorandums actuels pour la Grèce et l’Espagne. On sait désormais qu’ils provoquent une spirale de baisse de la croissance et de creusements des déficits, sans compter les drames sociaux et la chute de la production qu’ils engendrent.

Ce traité nous conduit dans le mur.

Il n’apporte en réalité aucune solution à la crise de l’Euro, ne change rien aux missions de la BCE et ne prévoit pas les euro-bounds. Pourtant, il faudrait que la BCE puisse prêter directement aux Etats et avec des taux d’intérêt réalistes, qui ne creusent pas davantage les déficits des pays. Il faut cesser cette mécanique où la BCE prête de l’argent aux banques qui prêtent aux Etats, faisant au passage de substantiels bénéfices, coûtant cher aux budgets des pays et permettant à ces dernières de spéculer sur les dettes. Le rachat de dettes souveraines par la Banque centrale européenne stopperait la spéculation et permettrait de redéfinir sérieusement une politique d’avenir. Le refus de Mme Merkel, de plus en plus insupportable pour tous.

Le Traité doit être renégocié immédiatement

La prise de conscience des dangers de la politique de la chancelière allemande est chaque jour plus largement partagée par les autres européens, ce qui permet d’espérer une renégociation autant possible que souhaitable.

Il faut donc refuser de ratifier le traité pour ouvrir une réelle renégociation. Celle-ci doit, à coup sûr, modifier les objectifs de la BCE (la croissance devant y être ajoutée) et ses modes d’interventions. Elle doit aussi substituer à la règle d’or et aux sanctions automatiques la création d’un conseil macro-économique de l’Euro qui, tous les 3 ou 5 ans, fixerait le cadre des déficits à ne pas dépasser par Etat. Cadre qui devrait tenir compte de la situation mondiale, du soutien nécessaire à la croissance et des efforts à mettre en place en en répartissant la charge et fixant à chacun des objectifs atteignables. Les parlements nationaux seraient consultés et voteraient une loi pluriannuelle de mise en œuvre. C’est l’idée du « gouvernement économique » : tout le contraire de la règle dogmatique aveugle.

Mais d’autres enjeux ne peuvent plus être reportés aux calendes grecques, comme l’instauration de convergences sociales progressives, de règles communes anti-dumping social, d’une harmonisation fiscale et d’une véritable lutte contre l’évasion fiscale. C’est aussi le cas de la nécessité de politiques industrielles communes. Plus globalement, il est temps que les principes de coopération européenne, de juste échange, de lutte contre les inégalités se substituent à la concurrence libre et non faussée.

Telle doit être la mission historique de la France et de la gauche française : afficher clairement auprès de ses partenaires et des opinions publiques européennes une voie nouvelle.

Sans comparaison excessive, je crois qu’à vouloir différer l’obligation d’un nouveau compromis d’envergure avec l’Allemagne, en acceptant des décisions absurdes et dangereuses, qui plus est intenables pour ne pas froisser nos alliés, nous prenons un risque plus lourd de crise majeure et de repli national. On a connu ces « soulagements », où l’on signait des accords qui ne faisaient que différer l’échéance, qui devenait elle pourtant fatale. Alors, refusons aujourd’hui le TSCG et renégocions.

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