Budget 2025 : un budget de régression par Michel Cabannes, économiste

Créé par le 19 oct 2024 | Dans : Articles de fond, Economie

 Cet article restitue la chronique économique de la Clé des ondes du 15 octobre aimablement communiquée par Michel Cabannes

                  

Face au déficit public massif (6,1% du PIB en 2024) lié en partie aux cadeaux fiscaux des dernières années, le gouvernement Barnier prévoit un ajustement de 60M€ (2% PIB) pour revenir à un déficit de 5% du PIB en 2025, dans la perspective d’atteindre la barre de 3% en 2029.

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La ministre de la santé en exercice rejoint ses prédécesseurs sur le dossier de l’aide médicale d’Etat (AME)

Créé par le 05 oct 2024 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD

Dans une récente tribune au monde les précédents ministres de la santé s’inquiétaient d’une possible remise en cause de l’AME (2). Sixième ministre sous Macron, l’actuelle titulaire évoque le rapport Evin-Stéphanini qui fait consensus sur cette question. Le débat n’est cependant pas définitivement tranché par le premier ministre en dépit des éléments qui plaident tous pour l’accès aux soins des personnes non éligibles à la couverture de l’assurance maladie. Parmi ceux-ci la dimension de santé publique l’emporte dans la plaidoirie de la nouvelle ministre pour qui l’AME est aussi une assurance santé pour les Français (allusion aux vaccinations contre les épidémies et traitement des maladies contagieuses des étrangers pour éviter leur diffusion).

C’est bien le moins que l’on puisse exiger de la part de Madame Darrieusecq qui n’a pas brillé d’originalité sur les autres sujets dans son entretien sur France Infos d’hier. Notamment en matière d’évolution des dépenses de santé de l’ONDAM avec cette réponse bien courte de constat d’une augmentation annuelle régulière sans préciser les besoins et les sources de financement. Les usagers de la santé et les professionnels en resteront à leur questionnement sur l’accès aux soins sur nos territoires, l’attractivité des métiers de la santé, la politique de prévention, la politique de santé mentale, la couverture maladie, la rémunération et les conditions de travail des soignants et la place de l’hôpital public dans cet ensemble.

Il est vrai que des propos bien légers et plutôt sidérants tenus précédemment par cette même personnalité en conseil municipal augurent mal  de l’avenir dans ce secteur. Comme le précise Céline Piot, Conseillère municipale et communautaire de Mont-de-Marsan, Animatrice départementale de la GRS dans les Landes

« Une ordonnance façon puzzle…
Geneviève Darrieussecq nommée ministre de la Santé
Souvenons-nous… C’était le 1er octobre 2014, en séance du conseil municipal de Mont-de-Marsan : « Tant qu’on empruntera pour payer les feuilles de la Sécurité sociale, pour payer des retraites et pour payer des salaires, ça n’arrêtera jamais. » (1)

On comprend bien la sensibilité néolibérale et austéritaire de cette ministre du gouvernement Barnier droite dans ses bottes et sans états d’âme (hormis le sujet de l’AME), à l’unisson de ses consœurs et compères du gouvernement dans la politique d’une droite dure. Et ce ne sont pas les quelques mesurettes fiscales, contestées par ailleurs avec véhémence par Attal et Darmanin, qui permettront de répondre à l’urgence sociale et sanitaire du pays!

Xavier Dumoulin

(1) « Geneviève Darrieussecq, alors maire (MoDem), répondait ainsi à Céline Piot, élue de Gauche, quand celle-ci expliquait que la dette était liée à une décision politique remontant à 1973 et reprise par le Traité de Maastricht en 1992 (l’interdiction à l’État d’emprunter à la Banque de France pour le contraindre à emprunter sur les marchés financiers). Geneviève Darrieussecq avait préféré accuser les conquis sociaux.
Selon elle, la solution consiste donc à s’en prendre à la Sécu, aux retraites et aux salaires.
Est-ce pour appliquer ce dogme néolibéral que Geneviève Darrieussecq vient d’être nommée ministre de la Santé dans le Gouvernement Barnier ?
Avec une telle ministre, les malades, les retraités et l’hôpital public ont de quoi s’inquiéter ! » (Cf Céline Piot,Conseillère municipale et communautaire de Mont-de-Marsan, Animatrice départementale de la GRS dans les Landes).

(2) Nous, anciens ministres de la santé, issus de différents courants de pensée, nous associons pour rappeler l’importance du maintien de l’aide médicale de l’Etat (AME).

L’AME ne constitue pas un facteur d’incitation à l’immigration dans notre pays, qui serait aux frais des Français. C’est un fantasme contraire aux faits, à nouveau clairement établis dans deux rapports solides élaborés en 2019 et 2023.

L’AME ne concerne pas des soins de confort, susceptibles d’attirer une immigration dont les causes sont évidemment plus diverses et complexes. Le dispositif se limite à un périmètre précis de soins, déjà révisé en 2019 à la suite des recommandations du rapport, qui permet la prise en charge anticipée de pathologies dont la dégradation présente des répercussions décuplées.

Affaiblir l’AME, c’est exposer notre système de santé à une pression accrue de prises en charge plus tardives et donc plus graves et plus coûteuses.

Lire la suite https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/26/nous-anciens-ministres-de-la-sante-nous-associons-pour-rappeler-l-importance-du-maintien-de-l-aide-medicale-de-l-etat_6335298_3232.html

 

Roselyne Bachelot, ministre de la santé de 2007 à 2010 ; François Braun, ministre de la santé, de 2022 à 2023 ; Agnès Buzyn, ministre de la santé de 2017 à 2020 ; Agnès Firmin-Le Bodo, ministre de la santé de décembre 2023 à janvier 2024 ; Aurélien Rousseau, ministre de la santé de juillet à décembre 2023 ; Marisol Touraine, ministre de la santé de 2012 à 2017 ; Frédéric Valletoux, ministre de la santé de février à septembre 2024 ; Olivier Véran, ministre de la santé de 2020 à 2022.

A lire en complément sur le blog d’auto-formation

http://vers2022.unblog.fr/

- Avec Colette Bec : penser le social comme institution de la démocratie

travaux et publications sur la sécurité sociale et l’Etat social

- Bernard Friot : théoricien de « l’impensé communiste » et de l’émancipation du travail

une sociologie révolutionnaire du travail et des sécurités sociales

- Des travaux en droit social et philosophie aux conférences au collège de France du professeur Alain Supiot, solidariste critique de la gouvernance par les nombres

présentation des travaux du professeur Supiot dans les champs du social

A lire dans le blog citoyen

A santé sinistrée, combativité décuplée

Créé par le 10 sept 2024 | Dans : a-le quartier libre de XD

L’Argentine de Milei . Prochainement, sur ce blog, notre article suite aux conférences de l’Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine du 24/09/2024 pendant le festival du film latino-américain

Créé par le 03 oct 2024 | Dans : a2-Blog-notes politique de XD, Amérique Latine

sept2024 L'Argentine de Milei-1

A voir sur Arte : la pensée Mao Tsé Toung à l’épreuve de la réalité totalitaire

Créé par le 18 sept 2024 | Dans : a2-Blog-notes politique de XD

Nous évoquons cette série documentaire présentée et diffusée hier sur Arte en incitant à la regarder (cf présentation par Arte en note 1 ci-dessous). L’intérêt pédagogique de cette réalisation doit être soulignée. En peu de temps nous décryptons toute l’ambivalence du « Grand Timonier » et les contradictions d’une révolution brossée à grands traits dans cette fresque historique.

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Budget 2025 : comment sortir de l’impasse selon Robert Boyer?

Créé par le 17 sept 2024 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD

Grande figure de l’école de la régulation (1), Robert Boyer souligne dans une tribune au Monde du jour (2), la contradiction flagrante entre l’économique et le politique en matière budgétaire, c’est à dire entre la pression des Français, d’une part, et des marchés d’autre part. « Selon des modalités diverses, les citoyens ont exprimé des demandes économiques et sociales qui ne peuvent être satisfaites du fait de l’épuisement du régime de croissance. C’est la raison pour laquelle le blocage politique est aussi l’expression de l’affaiblissement progressif de l’économie française ».

Pour étayer son appréciation, l’économiste décline trois contradictions majeures. Celle de la logique politicienne qui « mène la danse » dans la perspective d’une nouvelle dissolution. Celle de la fragmentation et de l’anomie de l’Assemblée nationale suite à la dissolution et à la sanction électorale du feu macronisme parallèle à la montée du RN. « Enfin, l’autonomisation de la classe politique par rapport à la société l’a éloignée de la prise en compte du contexte tant économique – comment améliorer le niveau de vie des Français alors qu’a chuté la productivité depuis 2020 sans le faire à crédit ? – que financier, car il faut répondre aux injonctions de Bruxelles et aux attentes des acheteurs étrangers de la dette publique française. En outre, il ne faut pas abuser de la protection de l’euro et de la patience des partenaires de la France. Ce sont autant d’incitations à oublier les demandes des citoyens et à accélérer la dramatique perte de légitimité des politiques, voire des institutions mêmes de la Ve République, qui ont permis un exercice solitaire et aventureux du pouvoir. »

Dans ce contexte deux écueils sont probables. « Soit le projet de budget 2025 accorde la priorité au rétablissement des comptes publics et il devra faire face à l’explosion des luttes sociales. Soit il répond à une partie des demandes exprimées par les citoyens et il laisse filer les déficits, public et extérieur. »

Par delà les péripéties actuelles d’une procédure budgétaire contrariée, notre économiste régulationniste (3) ne propose pas moins que d’œuvrer à « la restauration de la paix sociale » et à « la négociation d’un nouveau compromis assurant la viabilité et la légitimité d’un régime socio-économique à explorer et inventer ». Dans la cohérence de son analyse historique des crises, « si les institutions n’autorisent pas un mode de régulation viable, ce sont les marchés qui sonnent la fin des illusions politiques ».

X.D

(1) « Cette école se présente comme une synthèse entre le marxisme, le keynésianisme et l’institutionnalisme :

Du marxisme, elle adopte la théorie des crises du capitalisme, tout en rejetant la théorie de la valeur travail.

Du keynésianisme, elle s’inspire de la théorie macroéconomique, mais néglige les rapports sociaux.

De l’institutionnalisme, elle emprunte la définition de l’institution comme un « armistice social ».

L’école de la régulation a vu le jour en France et regroupait, dans les années 1970 et 80, des économistes nés après la Deuxième Guerre mondiale tels que le chef de file Robert Boyer ou encore M. Aglietta, A. Lipietz, A. Orléan, J. Mistral, entre autres. »

https://major-prepa.com/economie/fiche-thematique-ecole-regulation/

(2)  https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/17/budget-2025-la-contradiction-entre-l-economique-et-le-politique-est-flagrante_6320859_3232.html

(3) Pour les régulationnistes, « il existe cinq institutions qui permettent de formaliser une vision de l’évolution historique des sociétés contemporaines (opposition entre État gendarme et État providence, par exemple). L’accumulation du capital, extensive au XIXe siècle, devient intensive au XXe siècle.

Les crises sont souvent liées à l’absence de débouchés (décalage entre hausses de la productivité et des salaires), ce qui fait émerger la notion de « compromis fordiste ». La régulation fordiste permet à la production et à la consommation d’avoir une évolution synchronisée.

Le rapport salarial

Il englobe l’ensemble des conditions juridiques et institutionnelles qui régissent l’utilisation du travail salarié et la reproduction de la vie des travailleurs. Cinq éléments le composent : l’organisation du processus de travail, la hiérarchie des qualifications, la mobilité des travailleurs, le principe de formation des salaires et l’utilisation du revenu salarié.

Le travail est considéré comme un compromis entre la résistance des organisations de travailleurs et l’objectif de rationalisation du capitalisme.

La monnaie

Les régulationnistes rejettent l’idée d’une substance de valeur, comme le travail ou l’utilité, et considèrent que le prix est intrinsèquement monétaire.

La monnaie est un processus de socialisation, étant à la fois publique (unité de compte imposée aux individus) et privée (désir individuel de thésaurisation). Elle représente le travail abstrait qui distingue la valeur sociale de la valeur en procès.

La concurrence

L’école de la régulation s’oppose à l’autorégulation des marchés et prône une hétérorégulation dans laquelle les marchés ne sont pas les seules institutions déterminant les variables économiques. Ces dernières ne sont pas automatiquement équilibrées et la concurrence n’est qu’une forme de régulation parmi d’autres.

Les régulationnistes soulignent l’impact de la concurrence sur les prix, l’inégalité des revenus et la problématique de la mondialisation.

L’État

Il est considéré à la fois comme l’instrument de la lutte des classes et comme un arbitre au-dessus de cette lutte. L’État possède un appareil idéologique (école, médias, syndicats, églises) et un appareil répressif (armée, police, justice). Il joue un rôle organisationnel et intervient dans le jeu économique et social.

L’internationalisation de l’économie crée des défis pour l’État, qui doit s’adapter aux nouveaux besoins de l’appareil productif.

Les relations internationales

Les régulationnistes mettent l’accent sur la polarisation des échanges, avec une hiérarchisation des nations en faveur des pays développés et des producteurs de biens d’équipement. Ils décrivent un processus cumulatif en quatre étapes, impliquant des économies d’échelle, des échanges de marchandises, une augmentation de la rentabilité des branches internationalisées et la modernisation des autres secteurs.

La régulation à court terme est influencée par les entreprises multinationales, tandis que celle à long terme dépend du système monétaire international (SMI). »

https://major-prepa.com/economie/fiche-thematique-ecole-regulation/

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