Villepin rebelle et stratège (suite)
Créé par sr07 le 12 sept 2024 | Dans : a-le quartier libre de XD
Dans notre précédent billet, nous faisions l’éloge des positions courageuses de l’ancien premier ministre dénonçant la politique étrangère de la France dans la logique de sa posture de longue date. A l’instar des Bertrand Badie, Jean-Paul Chagnollaud, Pierre Blanc (chez les universitaires), Hubert Védrine ou Jean-Pierre Chevènement (du côté des politiques) - pour ne citer que les plus reconnus d’entre les tenants d’une autre vision politique des relations extérieures de la France -, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac fait un procès en règle de l’effacement et des contradictions du président et du gouvernement Macron en la matière. Domaines réservés ou partagés, la Défense et la Diplomatie restent, toujours et encore, des éléments majeurs qui caractérisent l’évolution de la place et du rayonnement de la France dont les intérêts doivent se conjuguer avec ceux de la coopération internationale et de la paix.
Nous invitons à la lecture de nos précédents développements pour bien situer l’analyse et les positions internationales de l’ancien premier ministre. Ce dernier a aussi évoqué dans l’émission radiophonique d’hier, la politique intérieure de la France et ses vicissitudes.
Rappelons que Dominique de Villepin avait appelé pendant l’été à ce qu’Emmanuel Macron nomme Lucie Castets à Matignon au nom de la « tradition républicaine ». Hier matin, il soulevait « trois bizarreries » à propos de la situation politique, alors que « le front républicain a gagné [les dernières élections législatives] et [que le parti] Les Républicains n’y a pas participé ».
La légitimité de Michel Barnier « n’est pas donnée. Il a été nommé par le président de la République (…), mais il n’a pas été légitimé par le Parlement. Il doit donc la construire », a-t-il fait savoir, avant de conseiller à Michel Barnier d’endosser « un esprit de mission », car « sa légitimité ne peut venir que des Français ». « Deuxième bizarrerie : la démarche est inversée. Normalement un premier ministre qui arrive, issu d’une majorité, on connaît sa ligne politique, on sait ce qu’il va faire. Là, il va composer un gouvernement et va solliciter des ministres, sans qu’on sache la politique qu’il va mener. » Troisième bizarrerie : « Le rapport de force politique est complètement inversé : le cinquième parti qui se retrouve le premier, c’est la parole évangélique : les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers, mais ce n’est pas la parole politique habituelle. Et puis, surtout, vous avez un rapport de force inversé d’un point de vue institutionnel, (…) le premier ministre est sous la menace du Parlement (…) et sous la menace même de ses ministres ». Le Front républicain a gagné les élections et le nouveau premier ministre est paradoxalement issue de la formation la plus mal élue et qui n’a pas participé à ce front.
Villepin prône plus de justice, plus d’ordre et plus de réponses aux problèmes des Français. En restant concret sur les éléments de solutions comme en matière d’immigration où c’est la voie diplomatique et les accords avec les pays d’origine qui sont à rechercher et surtout pas la politique de l’extrême droite. La méthode De Villepin, c’est de prendre les problèmes de front quand les Français restent tenus à l’écart alors qu’il faut expliquer les règles et faire de la démocratie in vivo (et non in vitro). Le président de la république a brouillé les cartes en faisant de la politique en chambre quand elle devrait se faire en marchant et dans la dynamique d’une élection aujourd’hui volée.
Il faut « ouvrir les portes et les fenêtres » implore l’ancien premier ministre, opposé en tous points à la gouvernance macroniste! Son éclairage mérite attention et écoute.
Xavier Dumoulin
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