Mac Macron – le bien dénommé en référence au Maréchal de Mac-Mahon – s’accroche à ce qu’il croit être en son pouvoir : choisir un premier ministre à sa convenance. Loin de se soumettre au verdict du suffrage universel qui a placé le NFP en tête des trois blocs concurrents, il s’appuie sur les dires du RN et de la droite macroniste et républicaine affirmant leur objectif de censurer tout gouvernement de NFP pour écarter tout de go l’hypothèse Lucie Castets à Matignon.
Bloc bourgeois et bloc des néo-cons dictent de conserve ainsi leur loi dans une duplicité qui viole le récent front républicain électoral du second tour des législatives. Macron érige à présent les considérations du RN qui appuient ses propres vues en gage de conduite à tenir dans cette procédure de nomination. Dans cette escalade d’immoralité politique qui donne le vertige, celui qui a méthodiquement trahit le président Hollande en exercice, s’applique à présent à débaucher le dernier premier ministre du monde d’avant. Avec ce jeu de rôles d’un ancien premier ministre qui feint de tenir la distance envers le président mais dont les proches ne cessent de faire des appels du pied quand les opposants socialistes à la ligne qu’incarne Olivier Faure entendent bien gouverner sur les bases du bloc bourgeois.
Ce bloc bourgeois dans l’impasse, sans base de classe solide, concurrencé depuis les présidences Hollande et Macron par les deux autres blocs rivaux : l’un de gauche, d’abord incarné par le Front de gauche, hier par la NUPES, aujourd’hui par le NFP, l’autre par le FN qui aurait réussi électoralement sa mutation en RN sans cette réplique d’un front républicain lui-même trahi par une partie de ses propres élus et apparatchiks!
Ces manœuvres sont autant d’épreuves pour la démocratie française et les forces qui la constituent. Le PS récemment remis debout sur des bases floues pourrait à nouveau sombrer dans ses tropismes sociaux-libéraux. Le PCF, trop distancé par LFI, peine à faire valoir un projet de gouvernement des jours heureux dont il serait un gage de cohérence pour une politique tournée vers le monde du travail. LFI reste campée dans une posture mélenchoniste qui privilégie la confrontation pour la présidentielle qu’une procédure de destitution voudrait avancer. Les mouvements en orbite du NFP ne sont pas en capacité de jouer l’effet de levier dont ils rêvent avec l’introuvable fédération d’une gauche républicaine et socialiste (GRS, MRC, LRdG, l’Engagement…).
Dans cette situation inextricable, avec le RN en embuscade, une articulation entre démocratie représentative et mouvements de la société civile reste à inventer. La contestation populaire du pouvoir macronien doit pouvoir s’épanouir au travers des exigences sociales (salaires, retraites, services publics) et démocratiques (respect du suffrage universel, libertés publiques individuelles et collectives, égalité, fraternité) dont sont porteurs les syndicats de salariés et les associations des droits civiques et humains. Loin de prôner la distance avec ces mouvements de contestation du bloc bourgeois en passe de réussir son coup d’Etat, mobilisons nous à présent pour faire valoir nos raisons d’agir et laissons aux opportunistes leur mirage à la barre d’un Titanic qui prend déjà l’eau…
Xavier Dumoulin
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