Résultats pour 'discours courage'
Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ?
Créé par sr07 le 11 avr 2015 | Dans : Economie, Fédérations MRC d'Aquitaine, Pour une autre Europe, Projet politique
Le Mouvement Républicain et Citoyen organisait mercredi 28 janvier à l’Assemblée nationale la première de ses Rencontres, sur le thème « Faut-il sauver l’euro ? ». Voici la retranscription des échanges.
Créé par sr07 le 05 juil 2013 | Dans : Front de gauche
Par Patrick Coulon, Olivier Gebuhrer, Claude Gindin, Michel Laurent, Sylvie Mayer, Guillaume Quashie-Vauclin et Alain Vermeersch. Alors que les principes de gauche sont prédominants, sauver la gauche en la mettant sur ses pieds est une tâche urgente
Les mesures toujours plus austéritaires du gouvernement Ayrault installent un malaise croissant dans la population. « Est-ce cela la gauche ? » se demandent, désorientés, nombre de nos concitoyens[1]. La question fait débat dans toute la gauche – dans le PCF lui-même[2].
Face au paquebot gouvernemental qui fonce droit sur l’iceberg, faut-il quitter le navire Gauche ou tout faire pour en redresser la barre ? Faut-il continuer à se revendiquer de « la gauche » si celle-ci est associée à une politique de régression sociale ? Comment faire vivre l’alternative dans ce contexte de gauche qui déçoit au pouvoir ? Convient-il pour cela de faire un trait sur le PS, EELV, le PRG et toutes les forces gouvernementales ou travailler à construire de larges majorités ?
Interrogations qu’on pourrait résumer ainsi : De quoi la gauche est-elle le nom ? Peut-on la penser autrement qu’on le fait du seul Parti Socialiste ?
Faut-il laisser le gouvernement de gauche aller dans le mur ou miser sur son échec ?
1-1 Le marqueur « gauche » : un recul sensible tous azimuts et particulièrement dans les classes populaires
Force est de constater en effet, et non sans paradoxe, que le rayonnement de la gauche et l’adhésion populaire à cette dernière a reculé.
L’abstention est devenue un phénomène massif, particulièrement dans les classes populaires longtemps davantage enclines à voter, et à voter à gauche. Ainsi, lors de la dernière élection présidentielle, pour 20% d’abstention nationale, c’est 11% à Neuilly-sur-Seine mais 27% à Drancy, Clichy-sous-Bois et 28% à Bobigny. Les résultats sont encore plus frappants pour les élections législatives : près de 45% d’abstention nationalement, c’est 39% à Neuilly mais 49% à Drancy et 60% à Bobigny et Clichy-sous-Bois. La gauche n’arrive plus à mobiliser massivement les classes populaires.
On peut solliciter dans le même sens les enquêtes d’opinion. Il ne reste ainsi plus que 17% des sondés pour penser que les responsables politiques se préoccupent des gens comme eux : la gauche ne fait pas exception. Au-delà, depuis 1988, plus de 75% des Français considèrent comme juste la phrase « Aujourd’hui, les notions de droite et de gauche ne veulent plus dire grand-chose. » C’est surtout le positionnement des ouvriers qui a changé. Entre 1978 et 2002, « le recul de gauche est sévère (–16 points). Il s’accompagne d’une translation relativement limitée, vers droite (+ 4 points). Il se traduit principalement par un basculement vers centre + sans-réponse (+ 12 points). […]Tout se passe comme si, chez les ouvriers, une proportion élevée d’individus avait cessé de pouvoir ou vouloir s’identifier à un « bord de gauche » avec lequel le lien idéologique et affectif s’est rompu. […] En revanche, plus on est ouvrier, moins on se dit au centre et surtout à droite, et plus on se dit ni à gauche ni à droite. […] Les catégories populaires et ouvrières ne sont donc pas devenues majoritairement à droite. La désaffiliation dont témoigne leur niveau élevé de ni gauche ni droite exprime essentiellement chez elles une désaffiliation à gauche. »
1-2 Les idées de droite sont-elles vraiment dominantes ?
Si le discours sur la droitisation de la société est complaisamment relayé[3] – discours fort utile pour ne pas engager de politique de gauche et pour encourager la résignation –, l’étude patiente et méthodique des mentalités dévoile une réalité tout autre. Ainsi, les sociologues Guy Michelat et Michel Simon, à partir d’une analyse sérielle sur quarante ans ont bien montré le renversement idéologique qui s’est opéré en vingt ans. D’une domination sans rivage des valeurs de droite (hostilité à l’action collective, faveur marquée pour le libéralisme économique) voire d’extrême droite (puissance de la xénophobie en particulier) dans les années 1990, on est passé à une prédominance des principes de
Ainsi, « Bourse », connoté négativement à hauteur de 29% en 1988, l’est à 74% aujourd’hui ! Pour « privatisation », on est passé de 36% d’opinions négatives en 1988 à 62% ! Pour « capitalisme » même, l’évolution reste notable : de 50% de rejet en 1988 à 64% !
À l’inverse, les marqueurs de gauche progressent : volonté d’un contrôle public de l’activité économique (29% en 1988 ; 55% aujourd’hui), influence des syndicats de salariés dans la politique du gouvernement (20% la jugeaient insuffisante dans les années 1980 ; 52% maintenant)… Mêmes évolutions du côté des questions de mœurs ou de migrations – homophobie et xénophobie demeurent mais ont perdu grosso modo la moitié de leurs bataillons en vingt ans.
Nuançons toutefois : si les idées qu’on peut à bon droit considérer, avec Michel Simon et Guy Michelat, comme des principes de gauche sont aujourd’hui très largement partagées, l’association consciente de ces idées avec la gauche n’est pas chose assurée. Notre peuple est sans doute plein de M. Jourdain qui ont des idées de gauche… sans savoir qu’elles sont de gauche.
N’est-ce pas le problème majeur de la politique aujourd’hui ? Quand la droite gagne les élections, elle fonce et profite de l’exercice du pouvoir pour marquer la société de ses réformes. Quand le parti socialiste dirige, au mieux, il atténue ce qu’ont fait ses prédécesseurs, tout en conservant leur héritage et en persévérant dans le fatalisme libéral. Comment, alors, ne pas comprendre le désenchantement du peuple de gauche face à la politique menée en leur nom, au nom de la gauche ?
1-3 La gauche reste une réalité de masse
Face à cet inquiétant constat, faudrait-il abandonner la notion de gauche ? Nous ne le pensons pas. Il serait suicidaire de minorer les signaux décrits plus haut, mais il le serait tout autant d’ignorer le potentiel considérable que recèle la notion de gauche comme mode d’identification politique collectif.
Au-delà des réponses des sondés, on peut observer le comportement des Français au cours des dernières élections. Pourquoi le « vote utile[4] » est-il une réalité aussi massive aujourd’hui si ce n’est parce qu’il manifeste l’ancrage populaire d’un clivage significatif et politique entre la droite et la gauche ? Pourquoi se contraindre à voter Hollande quand on aimerait voter Mélenchon si ce n’est parce qu’on a peur que la gauche soit éliminée du second tour ? Cette adhésion à la gauche par rejet viscéral de la droite est une donnée énorme qu’on ne saurait biffer : il s’agit de millions de personnes. Y compris au sein des classes populaires. Ainsi, être ouvrier dans la France d’aujourd’hui, c’est se positionner à 36% à gauche (ce qui est à peine au-dessus de la moyenne) mais à 5% au centre (ce qui est 10 points au-dessous) et à 14% à droite (bis). S’il n’y a pas adhésion enthousiaste à la gauche, il y a bien puissant rejet de la droite. Combien des 45% d’ouvriers se déclarant ni à gauche à ni à droite vont finalement voter à gauche par rejet de la droite ?
Résumons : l’adhésion franche à la gauche et la ferme confiance dans sa détermination à changer positivement et vigoureusement la vie du peuple ont reculé dans des proportions considérables en quelques décennies, particulièrement dans les classes populaires, nourrissant une forte défiance à l’égard de la politique. Ceci posé, d’aucuns avancent que le peuple de gauche est un cadavre froid. C’est ici que l’appréciation paraît borgne. Plutôt qu’un recul unilatéral de l’adhésion à la gauche, ne s’agit-il pas davantage d’une déception par rapport à l’attitude même d’une partie de la gauche qui, au pouvoir, ne tient pas les engagements qu’elle avait pris devant les électeurs ?
Qui partage ce constat n’abandonnera pas la référence à la gauche. Celle-ci est confrontée à une crise majeure. Et elle n’en sortira qu’en mobilisant le peuple au nom même de ce que devrait être la gauche.
2-1 Une crise qui bouche l’horizon de la social-démocratie
La brutalité du capitalisme et l’acuité de sa crise tendent à rendre impossible tout compromis social-démocrate. Inscrivant désormais[5] le capitalisme – souvent même jusque dans son expression libérale – comme horizon indépassable, la majorité socialiste ne parvient pas à mettre en œuvre les politiques de compromis social auxquels elle aspire.
Cette crise historique du socialisme n’est pas pointée par les seuls chercheurs marxistes[6] ou hétérodoxes[7]. Cette abdication du projet social-démocrate est reconnue au sein même des rangs socialistes modérés. Ainsi de l’essayiste Jacques Julliard, qui reconnaît sans détours l’aporie : « Le néocapitalisme a laissé sans interlocuteurs les partisans du compromis social-démocrate[8]. » Quelles conclusions en tire-t-il pour autant ? « Ce sera le grand défi de Hollande : inventer une social-démocratie de troisième type qui renoue le pacte avec le peuple tout en convertissant ce dernier au réalisme. »Retour au point de départ… L’aporie est ainsi perçue mais le cadre théorique dominant au sein de la social-démocratie interdit son dépassement.
2-2 Panne idéologique
Plus largement, d’aucuns évoquent une véritable panne idéologique à gauche. L’essayiste Philippe Corcuff qui parle de crise intellectuelle engourdissant toute la gauche – il parle même de « mort cérébrale »[9]. On peut le rejoindre encore lorsqu’il pointe – après d’autres qui l’ont montré précisément[10] – que l’expertise technocratique ponctuelle – incapable, par principe, de penser l’altérité radicale dans ce monde où règne le « toutes choses égales par ailleurs » – sur fond de démagogie sondagière tend à devenir la règle. L’affichage électoraliste avec les intellectuels médiatiques tient alors lieu de réflexion théorique.
Philippe Corcuff ajoute que l’émergence des think tanks n’invalide pas la tendance, ceux-ci se contentant, le plus souvent, d’expertise parcellaire. Ce point pourrait sans doute être nuancé tant un think tank comme Terra Nova ne cesse de déployer une idéologie aux cohérences fortes, à l’image – inversée – de la Gauche populaire.
Ce tableau recouvre-t-il pour autant la réalité dans sa complexité ? Il peut paraître de bon ton de traiter le parti communiste comme un astre mort. Le risque qu’il le devienne effectivement a sans doute existé. Pourtant, comment ignorer aujourd’hui, au regard de son évolution, de ses réflexions et de ses initiatives politiques, une capacité retrouvée de modifier la donne ? Peut-on tenir pour négligeable l’existence de forces diverses, et ce jusqu’au sein du parti socialiste, qui s’engagent contre la soumission aux dogmes libéraux ? Et ce à un moment où la majorité du PS assume le capitalisme comme seul horizon possible et va jusqu’à désavouer l’objectif de son dépassement.
Résumons : les analystes, qu’ils soient très critiques ou qu’ils le soient moins, s’accordent à parler de brouillard dans lequel se situe idéologiquement le PS : le marxisme, résolument abandonné n’ayant pas été remplacé officiellement par une analyse globale concurrente. Mieux, disons que si des éléments théoriques plutôt construits coexistent en son sein, aucune pensée globale n’est formalisée. On nage, nolens volens, en pleine Weltanschauung[11] conservatrice. Autrement dit, toute théorie économique et sociale étant résolument impensée, on est dans l’idéologie spontanée – donc l’idéologie de la classe dominante selon le mot célèbre de Marx et Engels –, le fameux et indépassable « réalisme » dont parle Julliard – comme tant d’autres.
Ce qui frappe cependant à la lecture des essais et articles qui paraissent sur le sujet, c’est qu’ils sont concentrés sur le seul PS, comme si la gauche s’y résumait… L’existence du Front de Gauche a dynamisé la gauche toute entière. Et s’il reste un espoir c’est aussi parce que le parti communiste n’oppose pas une gauche à une autre et appelle à reconstruire autour d’objectifs communs le rassemblement des forces et des citoyens qui veulent le changement.
Bloquée, la gauche peut redouter le meurtre – la droite n’étant pas inactive. Plus encore, c’est le suicide qui la guette. Ce n’est pas simple formule : tous les pays ne disposent pas d’une gauche[12]. Et si elle n’est pas là pour affronter la finance et les puissants, pour offrir une perspective à proprement parler populaire, à quoi sert-elle ?
3-1 Lutter contre les résignations : politiser
La politisation, la mise en tension et en dynamique politique du plus grand nombre est sans doute la tâche première des forces de gauche. Bien sûr, cela ne se décrète pas et des événements économiques, sociaux ou politiques, indépendants de la seule volonté des partis de gauche peuvent jouer un rôle important de politisation, malgré qu’ils en aient – les luttes syndicales par exemple.
Politiser, c’est stimuler la démocratie en donnant clairement à voir que la chose publique est l’affaire de tous, et non l’apanage de quelques experts auxquels il faudrait s’en remettre pour une bonne gouvernance. C’est appeler activement à l’investissement citoyen le plus large. La campagne du Front de gauche pour l’élection présidentielle, structurée autour de la thématique « Prenez le pouvoir », a montré combien ce message pouvait être largement entendu.
Politiser, c’est stimuler la culture de l’antagonisme – l’antagonisme de classe singulièrement –, et non celle du consensus aujourd’hui omniprésente tant les choses sérieuses sont censées être « au-dessus des partis », « au-delà de la gauche et de la droite », etc. – quand la droite ne manque pas de mêler à l’irénisme de classe un antagonisme raciste.
Pour le dire avec les mots percutants et pertinents du collectif de la revue Vacarme[13] :
« La stratégie d’une gauche de gouvernement qui croit pouvoir apaiser la société par une « présidence normale » et une gestion rigoureuse en faisant l’économie d’une refondation idéologique, […] conception purement électorale et gouvernementale de la société, conçue pour gouverner mais qui paradoxalement, si elle l’emportait intellectuellement, mènerait tout droit la gauche à l’échec en la coupant de son moteur historique : la vitalité d’un social clivé. En 1981, en 1997 et en 2012 — ses seules victoires nationales sous la Ve République — la gauche l’emporte grâce aux mouvements sociaux qui ont précédé les scrutins. Des mouvements sociaux, c’est-à-dire une société en mouvement. »
3-2 Promouvoir l’humain d’abord, le travail et la VIe République
« L’humain d’abord ». Ce mot d’ordre pris comme bannière par le Front de gauche n’est pas un principe lié à une gauche de la gauche voire à l’extrême gauche. C’est un objectif, mais aussi la solution à la crise qui pourrait inspirer toute la gauche. Placer le développement humain comme fin et l’argent comme moyen – et non l’inverse – peut être la logique qui rassemblerait notre peuple.
« Laissez-nous bien travailler » : voilà un mot d’ordre qui sourd de la société, qui résonne et renouvelle le social. Promouvoir le bel ouvrage et non le travail insensé, l’utilité du produit ou du service plutôt que l’obsolescence programmée et l’injonction comptable, voilà ce qui peut unir les créateurs, les chercheurs, les producteurs autour d’un nouveau devenir.
La gauche, c’est la promotion de la Révolution française et du triptyque révolutionnaire de 1848 : « Liberté-Egalité-Fraternité ». Combien de libertés à conquérir ! Quelle égalité à bâtir!Quelle fraternité à ressourcer ! Penser l’engagement citoyen comme la condition de la réussite de la gauche, n’est-ce pas là le seul moyen de faire utilement écho à l’appel de la gauche unanime et des historiens en 1989 : « il reste des Bastilles à prendre ! » ?
3-3 Des bras et des cerveaux prêts à construire ce monde de demain
Cet héritage politique n’est pas un jardin de chimères mortes. C’est un horizon pour lequel des millions de personnes sont prêtes à mouiller la chemise.
Les partis de gauche sont pleins d’adhérents qui ont décidé de s’engager en politique pour faire advenir ce monde juste. Ce sont des dizaines de milliers de personnes mobilisées sur le terrain. Parmi les dirigeants de ces organisations, qui peut dire qu’une majorité stable et sûre est promise à un avenir certain sur des politiques d’austérité ? Les contradictions s’aiguisent activement, ouvrant le possible des convergences potentielles.
Bien au-delà, c’est une gigantesque force sociale qui est disponible, déjà active mais en attente d’initiatives politiques les mobilisant et leur permettant de prendre conscience de leur force commune. Combien d’associations, combien d’ouvriers, d’employés, de cadres sont prêts à s’engager sur ces voies d’émancipation !
Chacun voit chaque jour davantage que notre monde marche sens dessus dessous et n’est plus en mesure de répondre aux exigences et aux potentialités de développement de notre temps mais les broie bien plutôt. L’argent pour l’argent détruit nos vies et cela commence à se savoir, cette conscience faisant croître ce peuple potentiel, prêt à bâtir le monde que le développement de l’humanité appelle.
3-4 Des objectifs immédiats à portée de main : un peu de courage !
Nous sommes d’ores et déjà majoritaires dans la population sur plusieurs revendications de gauche fortes.
L’avènement d’une citoyenneté de résidence, ouvrant le droit de vote à tous ceux qui font et sont la France, est attendue par notre peuple, dans le droit fil de la Révolution française. La liberté appelle la gauche !
La réduction significative de la hiérarchie des revenus est appelée par notre peuple, tout comme l’instauration d’une politique de lutte authentique contre la fraude fiscale. L’égalité appelle la gauche !
L’amnistie sociale, le respect du droit syndical et le renforcement du pouvoir confié aux salariés et à leurs syndicats dans le gouvernement de l’économie sont eux aussi soutenus par la France contemporaine. La fraternité appelle la gauche !
Notre peuple appelle désespérément des mesures de gauche. La gauche doit répondre : il en va de la démocratie, il en va de la raison d’être de la gauche, il en va du développement de notre pays.
On ne baise pas éternellement la main qui vous frappe : l’austérité met la gauche en danger de mort.
Alors, faut-il sauver la gauche ? Le débat se poursuit mais il est clair qu’il y a un héritage fort et qu’il est biface : les conquêtes d’hier ont attaché – et attachent encore – des millions de personnes à cette catégorie ; les déceptions d’hier repoussent des millions de personnes loin de cette catégorie. La politique actuellement menée par le gouvernement de gauche s’enfonce chaque jour davantage dans un marécage éloigné des aspirations populaires : la disparition par noyade est moins impossible que jamais.
Pour nous, assurément, il faut sauver la gauche. Elle est une force bien vivante pour des millions de personnes : on ne peut pas tourner le dos à tout ce peuple politisé quand il s’agit d’élargir cette politisation ! Il s’agit donc de sauver la gauche contre son suicide austéritaire en l’inscrivant dans des combats de gauche mobilisateurs et en phase avec les attentes populaires – permettant ainsi d’aller bien au-delà du consistant mais minoritaire « peuple de gauche » (entendu comme peuple se réclamant explicitement de la gauche).
Alors que l’austérité cache de plus en plus mal son inefficacité et sa cruauté, alors que les principes de gauche sont à un niveau historiquement haut, sauver la gauche en la mettant sur ses pieds est sans doute la tâche urgente de notre temps. Elle ne se fera pas sans un travail politique d’ampleur de notre part.
[1] Dans la floraison éditoriale – qui constitue déjà un signe de malaise –, on fera référence, dernièrement, à l’ouvrage critique de Jean-Claude Michéa, Les Mystères de la gauche, Climats, 2013. Pour un aperçu, voir l’entretien avec Laurent Être (L’Humanité, 15 mars 2013) et le compte rendu d’Yvon Quiniou (L’Humanité, 21 mars 2013) ainsi que celui de Florian Gulli, à l’origine du livre, dans La Revue du projet (n°23, janvier 2013).
[2] La position hostile au maintien de la référence à la gauche trouve sans doute son expression la plus construite dans la contribution d’André Tosel au 36e congrès sur « la gauche qui écœure ». http://congres.pcf.fr/31244
[3] Parmi mille exemples, voir Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, Le mystère français, Seuil, 2013, ou encore Raffaele Simone, Le Monstre doux. L’Occident vire-t-il à droite ?, Gallimard, 2010. Pour un aperçu, voir ses entretiens au Monde (12/09/2010) ou à Philosophie magazine (n°36, 01/2010). Plus récemment, voir les gloses du baromètre Ipsos France 2013 susmentionné.
[4] Voir notamment La Revue du projet, n°16, avril 2012.
[5] Ce « désormais » est difficile à dater tant l’histoire du socialisme est, de fondation, plurielle. Si les historiens accordent quelque réalité au « tournant » de 1983 (voir les travaux du colloque sur cette question en Sorbonne les 25 et 26 mars 2013, sous la direction de Michel Margairaz et Olivier Feiertag), ils remettent en cause l’idée d’une rupture brutale sans prodrome ni filiation.
[6] Voir par exemple Jean Lojkine, La Crise des deux socialismes, Le Temps des cerises, 2008.
[7] Dans une perspective européenne, voir notamment les travaux de Philippe Marlière. Pour un aperçu, voir la Revue du projet n°8, mai 2011.
[8] Le Figaro, 25 septembre 2012, à l’occasion de la sortie de son essai de synthèse historique (voir le compte rendu proposé par Jean-Numa Ducange dans L’Humanité).
[9] La gauche est-elle en état de mort cérébrale ?, Textuel, 2012.
[10] Voir particulièrement les travaux de Frédéric Sawicki et de Rémi Lefebvre.
[11] Conception du monde.
[12] La gauche et le clivage gauche/droite ont été rayés de la carte dans maints pays. On peut noter, à rebours, qu’ils tendent à se développer dans des pays comme les États-Unis par exemple. Voir notamment La Revue du projet, n°26, avril 2013.
[13] Vacarme, n°60, « Les fronts de la gauche », 21 mai 2012. http://www.vacarme.org/article2158.html
Créé par sr07 le 04 jan 2013 | Dans : Gouvernement, Pacte présidentiel
Certains, à droite, appellent à la « rupture » : nous n’aurions d’autre choix pour survivre que de renier notre histoire et nos principes. D’autres réclament le statu quo ou le retour en arrière : comme si la France pouvait rester inerte dans un monde qui change, comme si l’âge d’or était hier et qu’aucun progrès ne s’offrait pour demain.
C’est sur une autre voie que le Président de la République veut engager notre pays : renouveler en profondeur le modèle français pour l’adapter au temps présent, et donner une nouvelle réalité à ses valeurs républicaines fondatrices. Il y faut de la lucidité et du courage. J’ai présenté ce matin même en conseil des ministres la feuille de route des six mois à venir, mais nous voyons au-delà de cet horizon. Comme l’a déclaré François Hollande lors de sa conférence de presse du 13 novembre, « le déclin n’est pas notre destin ».
La crise que nous traversons est d’abord économique et sociale. La tentation est grande d’en reporter la responsabilité sur autrui, d’accuser la libéralisation des échanges commerciaux et financiers, la concurrence des pays à bas coûts et les politiques conduites en Europe. Il n’est pas question de nier les dangers du néolibéralisme et du capitalisme financier : oui, il faut renforcer la gouvernance internationale de l’économie, réguler la finance, promouvoir le juste échange. Oui, les Etats européens doivent s’entendre sur des règles sociales et fiscales communes, et mener une politique de croissance à l’échelle du continent : le président de la République et le gouvernement s’y emploient. Mais n’oublions pas que la mondialisation est aussi l’occasion d’élargir la diffusion de nos produits, d’attirer des entreprises et des emplois et de bénéficier d’innovations venues d’ailleurs.
LA CRÉATIVITÉ DE LA FRANCE EST INTACTE
La France, avec ses 120 000 entreprises exportatrices et sa créativité intacte, n’a aucun intérêt à se replier sur elle-même. N’oublions pas non plus que d’autres pays s’en sortent mieux que nous : les pays scandinaves et l’Allemagne ont su rendre leur appareil économique plus performant. A nous d’y parvenir sans renoncer à notre système social protecteur. Cela exige avant toute chose de remédier à nos propres faiblesses, et de mieux tirer parti de nos innombrables atouts. Soyons clairvoyants pour identifier les causes de nos difficultés et de nos succès, et soyons audacieux pour procéder aux réformes nécessaires : c’est ainsi que nous rendrons notre modèle économique et social plus compétitif et plus solidaire, et que nous assurerons l’avenir de notre jeunesse.
Nous n’y réussirons qu’en rassemblant nos forces, et c’est pourquoi le gouvernement a fait le choix d’une méthode : le dialogue et la coopération entre l’Etat, la société civile – partenaires sociaux, associations et citoyens – et les collectivités territoriales. La concertation et la négociation peuvent susciter des impatiences, elles sont moins médiatiques qu’une série d’annonces précipitées et sans lendemain ; mais cette méthode est la condition de réformes intelligentes et durables. Car de grands chantiers s’ouvrent devant nous.
Il nous faut d’abord repenser le rôle des pouvoirs publics. Les moyens mis à la disposition de l’Etat et des collectivités territoriales doivent être adaptés aux objectifs politiques définis par la délibération collective : c’est l’évidence même. Pourtant, depuis trop longtemps, on a renoncé à s’interroger sur ces objectifs et à les hiérarchiser. L’Etat a délaissé sa fonction stratégique. C’est la raison pour laquelle la dépense publique a perdu de son efficacité : elle est passée en cinq ans de 52 à plus de 56 % de la richesse nationale, sans que notre niveau de vie ait progressé. L’endettement affaiblit notre souveraineté en nous soumettant aux exigences des marchés financiers, il reporte une charge insupportable sur les générations futures, et il nous prive de moyens, puisqu’une part croissante de nos impôts sert à payer nos créanciers.
Le gouvernement a donc entrepris immédiatement un effort de redressement budgétaire et de rénovation de l’action publique. Il ne s’agit pas de tailler indistinctement dans les dépenses et les effectifs de la fonction publique, comme faisait la majorité précédente, mais de supprimer les doublons et les dépenses inutiles, et de répondre plus efficacement aux besoins d’aujourd’hui. Dans le domaine de la santé, par exemple, nous rendrons à l’hôpital public les moyens d’accomplir ses missions fondamentales, tout en l’insérant dans un véritable parcours de soins, ce qui implique bien sûr de lutter contre les déserts médicaux. D’une manière générale, nous entendons moderniser l’action publique pour mieux servir les Français, grâce à la coopération de tous, élus, fonctionnaires et usagers. La nouvelle étape de la décentralisation répondra au même souci d’efficacité, grâce à une meilleure répartition des tâches entre l’Etat et les différents niveaux de collectivités.
LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE
Pour lutter contre le chômage, qui ne cesse de progresser depuis dix-neuf mois, nous avons également l’obligation de revoir les règles qui gouvernent le monde du travail. Il faut nous accorder sur un diagnostic et sur des remèdes : aussi le gouvernement a-t-il choisi de donner toute sa place au dialogue social et de renforcer la démocratie dans l’entreprise. D’ores et déjà, les organisations syndicales et patronales ont soutenu la création des emplois d’avenir et défini les modalités du contrat de génération, afin de donner toutes leurs chances aux jeunes et aux seniors dans notre appareil productif dès 2013. La négociation sur la sécurisation de l’emploi doit aboutir à d’autres compromis novateurs : lutter contre la précarité au travail, c’est refaire du CDI la forme normale d’embauche, encadrer le recours au temps partiel, mais aussi anticiper collectivement les mutations économiques et aider les entreprises à surmonter les difficultés conjoncturelles sans licencier. Faute d’accord, le gouvernement prendra ses responsabilités et demandera au Parlement de trancher. Mais j’insiste : il est urgent de renouer avec une culture de la responsabilité partagée au service de l’emploi et de l’intérêt général.
Lire la suite dans Le Monde http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/01/03/pour-un-nouveau-modele-francais_1812151_3232.html
Créé par sr07 le 20 déc 2012 | Dans : Fédérations MRC d'Aquitaine
Chers camarades, chers amis,
C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai accueilli dimanche matin ces mots du président d’honneur du MRC qui n’a cessé de faire appel à notre intelligence et de stimuler notre courage, toujours confiant en nos capacités même contre les vents mauvais…
« Mon rêve est celui du Tao Te King, selon Lao Tseu :
« Il agit sans rien faire
Et enseigne sans rien dire
Les choses apparaissent et il les laisse venir
Les choses disparaissent et il les laisse partir
Il a, mais ne possède pas
Agit mais n’attend rien
Son œuvre accomplie, il l’oublie
C’est pourquoi elle dure toujours. »
Je vous lègue ce dernier distique. Il vous demande une rude tâche.
Soyez fidèles au peuple, c’est-à-dire aux simples gens,
À la France, terre de liberté, d’où un «cavalier français – Descartes – partit un jour d’un si bon pas»,
Liberté qui donne le caractère et non le laisser aller,
Pays de citoyens où la République est exigence ou bien n’est pas.
Bon courage, chers camarades.
Je ne m’effacerai pas tout à fait, me réservant de parler si possible à bon escient. »
Vous trouverez l’intégralité de son discours sur son blog.
En toute sympathie socialiste et républicaine
Xavier
Créé par sr07 le 20 déc 2012 | Dans : Non classé
Quelle capacité avons-nous d’influer dans la vie politique française ?
D’abord parler le langage de la vérité qui, par principe, est celui de l’intérêt général. Combattre la facilité, celle du mensonge triomphant qu’ânonnent ceux qui se soumettent par principe aux puissants. Être libres, être citoyens, être Français, c’est-à-dire hommes et femmes de caractère, francs comme l’est le nom de notre pays. Nous devons retrouver la « grande vue », la vue générale, qui nous permettra de sortir la France de l’ornière.
Depuis la fin du communisme et le choix fait par la Chine du marché mondial, la France et l’Europe ont perdu la rente de situation sur laquelle elles avaient vécu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. À la faveur de la globalisation libérale, de nouvelles puissances ont émergé, quelquefois milliardaires en hommes, qui maîtrisent la technologie, développent une croissance rapide et montrent une ambition conquérante.
Le chemin a été ouvert. Il faut s’y engager pleinement, mobiliser le pays. C’est le rôle de la gauche d’abord et, en son sein, de notre parti, le MRC, qui se veut la « boussole républicaine » de la majorité mais aussi du pays tout entier. Car c’est aussi le rôle de toutes les forces vives, de tous ceux pour lesquels le mot « patriotisme » a gardé un sens.
C’est ainsi que la France ira « du déclin au renouveau », selon l’expression employée jadis par le Général De Gaulle.
Certes il y a beaucoup à faire pour repenser l’euro d’abord mais aussi pour fonder un nouveau « pacte social », afin de réaliser cette « Alliance des productifs » qui est la clé du redressement.
La France est un grand pays au cœur de l’Europe. Ouverte sur le grand large et vers le monde, mais pays méditerranéen aussi, tourné vers le monde arabe et vers l’Afrique. Elle doit appuyer son renouveau sur l’essor des pays émergents : la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil, l’Algérie, le Maroc, l’Afrique mais aussi la Turquie et demain l’Iran quand celui-ci aura accepté le protocole additionnel de l’AIEA, en échange de la levée des sanctions.
Où sommes-nous dans la majorité présidentielle ?
Nous soutenons François Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Nous ne les soutenons pas les yeux fermés. Ils connaissent nos analyses. Nous n’en faisons pas mystère. Elles s’expriment d’ailleurs rationnellement, de façon argumentée. Nous apportons une contribution précieuse à la majorité présidentielle. Nous voulons en effet sa réussite parce qu’elle est celle de la France.
Cinq ans nous séparent des échéances de mai 2017. Ne gâchons pas tout ce temps.
Rassemblons les Français sans sectarisme sur l’essentiel. Je suis persuadé que les communistes n’ont pas oublié ce que signifie le mot production et je suis convaincu aussi qu’il est des hommes et des femmes venus de l’autre rive qui peuvent comprendre ce que signifie l’intérêt national, dès lors qu’on cesse d’ânonner le bréviaire européiste et libéral.
Pour réorienter l’Europe, il faut rompre avec la rigidité d’une monnaie unique qui a d’emblée méconnu la spécificité et l’hétérogénéité des nations. Il faut remettre la charrue derrière les bœufs et refonder l’Europe, non dans la coercition, mais dans la politique.
Comme l’a dit Joschka Fischer, Madame Merkel ne peut pas prendre la responsabilité de faire apparaître l’Allemagne, pour la troisième fois en l’espace d’un siècle, comme le pays qui conduit l’Europe au naufrage. Ayons avec l’Allemagne une bonne et franche discussion. Nous lui proposons « l’union solidaire ». Mais l’Allemagne ne veut pas payer au-delà d’une certaine limite. L’Allemagne défend en principe la responsabilité des États. Elle a raison jusqu’à un certain point. Mais si c’était le système européen, tel qu’il a été conçu, qui conduisait à des distorsions insoutenables ? N’est-il pas possible de le corriger ? de rétablir des amortisseurs tenant compte de la compétitivité relative de chaque pays ?
J’ai la conviction que nous pouvons être « le sel de la terre » à condition de présenter nos vues de manière positive, en nous appuyant sur la marche des événements.
Bien sûr, il y a des choix politiques à faire. Pour ce qui nous concerne nous n’acceptons pas le fameux grand saut fédéral qui serait aujourd’hui un saut dans le vide, dans cette Europe « post-démocratique » dont a parlé Jurgen Habermas. Un livre, récemment primé, est intitulé « Le passage à l’Europe ». Nous n’acceptons pas que ce passage soit payé du sacrifice de la France et de la fin de la démocratie.
J’ai un peu réfléchi sur l’avenir du MRC dans l’actuelle majorité. Souvenez-vous que nous valons par la qualité de notre logiciel. La Fondation de recherche Res Publica que j’anime par ailleurs est un précieux outil de réflexion.
Pour ma part, je sais que le Président d’Honneur est destiné à s’effacer. Je me réjouis de voir la troïka constituée autour de notre Président, Jean-Luc Laurent, avec nos deux autres parlementaires, également vice-présidents. Ils constituent la direction effective du Mouvement.
Mon rêve est celui du Tao Te King, selon Lao Tseu :
« Il agit sans rien faire
Et enseigne sans rien dire
Les choses apparaissent et il les laisse venir
Les choses disparaissent et il les laisse partir
Il a, mais ne possède pas
Agit mais n’attend rien
Son œuvre accomplie, il l’oublie
C’est pourquoi elle dure toujours. »
Je vous lègue ce dernier distique. Il vous demande une rude tâche.
Soyez fidèles au peuple, c’est-à-dire aux simples gens,
À la France, terre de liberté, d’où un « cavalier français – Descartes – partit un jour d’un si bon pas »,
Liberté qui donne le caractère et non le laisser aller,
Pays de citoyens où la République est exigence ou bien n’est pas.
Bon courage, chers camarades.
Je ne m’effacerai pas tout à fait, me réservant de parler si possible à bon escient.