Suite des entretiens du blog citoyen et d’AgoraVox avec J.P Chevènement: « Je ne suis pas contre l’Europe. Je suis contre la superposition à l’idée européenne d’un logiciel néolibéral à travers l’acte unique! »
Créé par sr07 le 06 mai 2011 à 5:10 | Dans : a5-Les entretiens du blog citoyen, Battre campagne
Jean-Pierre Chevènement répond aux questions du Blog citoyen et d’AgoraVox sur l’Europe
Le capitalisme financier mondialisé, l’Europe
« Le capitalisme n’obéit plus à aucune espèce de règles et en particulier le capitalisme financier va acquérir un poids prépondérant. Le capital financier à travers les fonds d’investissement, les salles de marché des grandes banques va dicter sa loi. C’est la théorie de l’acquisition de la valeur pour l’actionnaire, c’est la dictature de l’actionnariat et c’est le transfert d’une partie importante de l’appareil de production des vieux pays industrialisés vers les pays à très bas coût ou à fort potentiel de croissance. Par exemple la Chine bien évidemment qui est l’atelier du monde et qui forme chaque année 700000 ingénieurs et chercheurs, c’est à dire plus que l’Europe! »
« Vous me posez la question de l’avenir de la France. La France est évidemment dans l’Europe. Je ne suis pas contre l’Europe. Je suis contre la superposition à l’idée européenne d’un logiciel néolibéral à travers l’acte unique qui par lui-même était assez incompréhensible pour ceux qui l’ont voté. »
« …C’est en fait l’acceptation du cadre néolibéral par l’Europe toute entière. Cela arrangeait peut être Madame Thatcher, ça arrangeait moins sans doute Monsieur Khol mais il l’a accepté. Ce qui est curieux c’est que les socialistes eux ont fait ce pari! Ce pari pascalien que j’évoque dans mon livre. »
L’euro
» Si on en reste au niveau de l’euro, il faut changer la perspective et changer les règles du jeu. Substituer la croissance à la récession, à la régression, à l’austérité. Par exemple procéder par une relance salariale ou par un emprunt européen. Il faut d’abord que les textes européens le permettent (…). Naturellement, il y a en Europe des degrés différents de solidarité et l’Europe ne représente pas une solidarité aussi puissante que celle qui peut exister à l’intérieur de chaque nation via un budget important, via des règles de sécurité sociale…bref il y a une solidarité effective, une politique d’aménagement du territoire… »
« Mais au niveau de l’Europe, le principe qui a été posé par le traité de Maastricht confirmé par Lisbonne c’est la responsabilité de chaque Etat et l’interdiction des transferts financiers. Et il a fallu forcer la main de Madame Merkel pour lui faire accepter le principe d’un fonds européen de stabilité financière… »
Le pacte de compétitivité
» Madame Merkel impose son pacte de compétitivité à Monsieur Sarkosy parce qu’elle a besoin de la caution de la France pour l’imposer aux autres! Avez-vous entendu que les partis de gauche en France, en Allemagne, en Italie en Espagne… protestent? C’est un grand silence! »
« On pourrait par exemple prendre le modèle de la Federal Reserve Bank, donner à la banque centrale la mission non pas simplement de lutter contre l’inflation mais de contribuer à la croissance et à l’emploi. On porrait l’autoriser à racheter les titres de dettes sur les marchés financiers, ce qu’elle a fait marginalement. Mais on pourrait lui donner les possibilités que la banque centrale américaine exercent à plein pour permettre aux Etats Unis d’Amérique de sortir de la crise plutôt par le haut. Le taux de croissance américain est de trois pour cent, le taux de croissance européen de un un et demi, notablement plus faible! »
« Est-ce qu’on est capable de changer notre perspective? de changer les règles du jeu? Cela passe évidemment par une prise de conscience, par un rapport de forces. Je pense que le seul pays aujourd’hui qui peut faire entendre raison à l’Allemagne – parce que je crois que c’est la voix de la raison – c’est la France! »
« Tout se déroule comme si les hommes politiques avaient été dépossédés de leur pouvoir, comme si les peuples avaient perdu leur souveraineté. Pourtant les peuples continuent de penser que c’est eux qui décident et que la démocratie veut que les gens qu’ils élisent prennent des décisions qui vont dans le sens de leurs intérêts. Eh bien ce n’est pas comme cela que les choses se passent. Il y a là une contradiction absolument massive! »
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